Monsieur l’Echevin,
Mercredi dernier, nous avons eu l’opportunité d’échanger avec vous sur la rentrée scolaire partielle initiée le 18 mai dernier. C’est un sujet crucial.
À ma demande, vos services nous ont transmis la note que vous avez présentée au Collège sur ce sujet. Nous avons reçu cette note ce lundi à 14h34, moins de 4 heures avant notre Conseil communal et manifestement après la presse qui en publiait déjà des extraits lundi matin. Lorsque les points de votre commission ont été abordés en Conseil communal, à une heure trente du matin ce qui en soit est démocratiquement interpellant, je n’ai pu prendre la parole (même brièvement) sur ce point pourtant essentiel comme je l’espérais.
Je reviens donc vers vous via une question écrite, concernant la question de la déscolarisation massive que nous connaissons et la deuxième phase de rentrée avortée ce 25 mai. Au contraire de nombreux autres PO, en particulier ceux des autres grandes villes wallonnes, vous avez en effet décidé de ne pas procéder à un retour ce 25 mai notamment des 1ère et 2e primaire ou des 2e secondaire, comme suggéré par la Ministre.
Votre explication est que cette décision est celle de la commission paritaire locale. Vert Ardent est profondément attaché à la concertation sociale et nous pensons que si les organisations syndicales ont des craintes, c’est que tous les éléments ne sont pas réunis à Liège pour permettre une rentrée plus large dans de bonnes conditions, au contraire des autres villes wallonnes.
Nos contacts syndicaux nous expliquent notamment que la première des raisons nourrissant leurs craintes, c’est la nature des masques à disposition des enseignants : de simples masques en tissu (les mêmes que ceux rudimentaires reçus par les liégeois) et non des masques avec filtre permettant de les protéger efficacement.
L’autre raison touche, et c’est un thème récurrent, à la nature de nos bâtiments et de leurs sanitaires qui rendent difficile le respect des normes requises actuelles. À défaut de sanitaires avec planche, on a par exemple dû en fermer ce qui limite le nombre d’enfants que l’on peut accueillir.
Mais nous sommes également attentifs au bien-être des enfants et de leurs parents. Dans une carte-blanche publiée sur le site de la RTBF et cosignée par 269 pédiatres on pouvait lire ce 19 mai, et je cite : « Nous faisons le constat que, même si on parle beaucoup d’eux, dans les faits les enfants sont les oubliés du déconfinement. La plupart d’entre eux ne pourront pas rentrer à l’école avant septembre. Mais alors qu’y a-t-il de prévu pour eux ? Quel est le plan B ? Nous souhaitons mettre en avant leurs intérêts et leurs droits. Il n’y a pour nous aucune raison médicale valable pour exclure plus longtemps les enfants de la collectivité. »
Mercredi, le CNS se réunira à nouveau et il est probable, c’est en tout cas ce qu’affirme une dépêche Belga de ce lundi 25 mai faisant état d’un avis des ministres de l’Enseignement des trois Communautés en phase avec les recommandations des experts fédéraux en charge du déconfinement, qu’interviendra un assouplissement des règles de distanciation sanitaire à l’école.
Si tel est le cas, nous souhaiterions que soit réévaluée rapidement la possibilité d’accueillir ces enfants tout en protégeant mieux nos enseignants.
À défaut, nous faisons deux demandes complémentaires :
- À la lumière de ce qui se pratique dans certains écoles, est-il possible d’accueillir les enfants qui sont en difficulté et/ou en décrochage scolaire ? Pour ceux-là, il est possible et en vérité essentiel socialement, de ne pas attendre septembre. Cela ne concerne pas un nombre énorme d’enfants et il nous semble donc possible d’assurer dans tous les établissements, une scolarité de type « remédiation » dans les écoles.
- Deuxièmement, nous estimons que certains établissements, par leur configuration (par exemple des blocs séparés par degré) permettent bien plus aisément une rentrée par silos. Les organisations syndicales ont fait un travail d’évaluation par bâtiment, le SIPPT également pour les plus gros bâtiments selon nos informations. Nous vous demandons de disposer de cette étude (qui potentiellement sera très utile également en septembre) et de voir quels établissements sont en mesure d’assurer d’ores et déjà une reprise plus large des cours.
Au nom de mon groupe, j’aimerais savoir si vous pourriez donner une suite positive à nos trois demandes. Comme le signalent encore de leur carte-blanche les pédiatres signataires, « Permettre aux enfants de retourner à l’école et en collectivité est indispensable pour éviter des effets collatéraux. L’école, outre son rôle pédagogique et social, offre un environnement qui permet de détecter les signes de souffrance physique et psychologique de certains enfants. »
Je vous remercie et j’espère que vous pourrez nous répondre rapidement.
Bien à vous,
Pierre Eyben, pour Vert Ardent
Question écrite du 26 mai 2020