Madame l’Echevine,
L’exercice du Compte est à la fois très proche et très différent de l’exercice de Budget.
Lors du Budget vous essayez de mettre en scène vos souhaits, votre volonté politique et une part d’incertitude ; lors du Compte on confronte ces souhaits, ces volontés à… la dure réalité des choses. Lourd est le parpaing de la réalité sur la tartelette aux fraises de nos illusions…
Vert Ardent avait annoncé un équilibre précaire, des prévisions antérieures courtes et l’IPP aurait été mal évalué. Le vieillissement de notre population va réimpacter l’IPP dans les prochaines années tout comme les coûts supra communaux, le changement climatique et les effets du Covid-19. Vous naviguez à vue, alors que les Liégeois sont en droit d’attendre une gestion responsable et sur le long terme, que vous semblez annoncer pour septembre…
Dans l’attente d’une réponse sur la reprise de l’endettement de la ville de Liège, il faut de la simulation budgétaire, un vrai travail analytique qualitatif qui pose sur la table tous les éléments du débat, pas un « à prendre ou à laisser » rendu le jour J. Vert Ardent plaide pour des plans financiers pluriannuels : nous avons besoin de scénarios à confronter et à débattre. La dette est un immense problème, complexe. Mais votre manque de propositions, de proactivité pour diminuer ce problème est franchement problématique.
L’analyse du compte que vous nous fîtes lundi passé, c’est l’autopsie de la viande froide. Si on doit rester dans le registre de Kay Scarpetta ou du Professeur Boxho j’aurais tendance à dire que la dépouille, après avoir été outrageusement maquillée de son vivant, à fini atrocement mutilée dans des circonstances que les légistes – vous remarquerez le double-sens – expliquent sans grande peine, vous venez de nous en faire le rapport sur un ton déconfit qui ne vous ressemble guère.
Au risque de surprendre Mme Defraigne, cette fois et contrairement à d’autres circonstances, je ne vous accable pas. Je ne vous accable pas parce que ce budget fantaisiste, si vous l’avez signé, vous n’en être pas l’auteure, seulement le porte-plume, il n’y a pas de raison que vous portiez le chapeau pour le passé. On verra l’année prochaine aux mêmes dates, car il y à fort à parier que le prochain compte s’écrira au picrate, même si chacun ici espère le contraire.
Quand à l’essence du problème, deux choses m’inquiètent :
- La première est une réflexion de fond, dirais-je même de principe : je constate qu’il n’y à PERSONNE dans cette majorité, il n’y a PERSONNE qui remette en cause la législation qui nous accable s’agissant de la problématique des pensions. La Ville à eu la folie des grandeurs et la Ville l’a payé chèrement dans les années 80’s. Elle à obéit à la Région et se trouve aujourd’hui punie d’avoir obtempéré à l’époque en cessant de nommer des fonctionnaires statutaires, avec des cotisations de responsabilisation tout simplement impayables. Par deux fois ce sont des voisins de Liège, des « camarades » socialistes, qui lui ont remis la tête sous l’eau…
- La seconde a trait à l’efficacité de la majorité : on nous a vanté les relais « Liège-Namur » en rouge et en orange par le passé et ça nous à malgré tout valu bien des avanies. Il y a 18 mois lors de la très commentée constitution d’une nouvelle rebelote : on allait voir ce qu’on allait voir ! Avec un libéral au Budget wallon, et un socialiste Ministre de la Ville (une première en Région Wallonne), vous étiez même exaucés en 2019 ! Un an plus tard vous n’avez pas avancé d’un pouce Madame l’Echevine. Je vous vois si souvent vous justifier tête basse en regardant vos chaussures, soufflant de dépit. À en croire que sitôt dépassé Sclessin il n’y à plus personne pour vous écouter ? Ca m’inquiète très sérieusement de savoir la Ville aussi aphone et déconsidérée, même si je serais ravi qu’on me prouve le contraire…
C’est d’autant plus dommage que si le garrot à été aboli en 1974 comme mise à mort, c’est bien cela qui est programmé pour Liège dans les années qui viennent, avec pour génération sacrifiée les liégeois d’aujourd’hui et ceux de demain. C’est d’autant plus dommage que comme le dit le dicton, dans chaque crise il y à une opportunité, et c’est un entrepreneur qui vous le dit.
J’aimerais ne plus vous voir bras ballants, la mine des mauvais jour à attendre qu’un parachute doré vous tombe dans les bras. « Il ne faut jamais gaspiller une bonne crise » disait Churchill, et il été clairvoyant en la matière. Or on l’a vu sur le dossier mobilité, la Ville de Liège s’est fait une spécialité de bredouiller dans les dossiers urgents…
Tant qu’à faire dans les maximes et sentences morales, j’ajouterais bien : « À un moment donné, il faut se coller au mastic et faire le sale boulot, parce que personne ne viendra le faire à votre place », ce n’est pas Churchill ou Epicure, c’est Quentin le Bussy, et je vous invite à considérer ça comme un encouragement.
[Cet épisode ravira les amateurs de comptabilité, de Boulet, de thanatologie littéraire, de traditions espagnoles, d’assiette anglaise, de sentences morales et des formidables aventures de Lapinot]
Quentin le Bussy, pour Vert Ardent
Intervention au Conseil Communal de la ville de Liège du 25 mai 2020