Monsieur le Bourgmestre,
L’équilibre entre droit au logement et préservation de nos espaces verts est un enjeu majeur pour notre ville. Il nous faut d’une part des logements en suffisance avec une taille adaptée et un prix abordable pour éviter que se poursuive une périurbanisation aux conséquences funestes. Il nous faut d’autre part éviter que ces logements ne soient construits en sacrifiant espaces verts et qualité de vie.
Aujourd’hui nous craignons que cet équilibre ne soit pas trouvé puisque d’une part, notre ville recommence à perdre (légèrement) des habitants (196.623 en 2020 contre 196.767 en 2017), et que d’autre part une série d’espaces verts sont urbanisés (Fayenbois, Chartreuse…) et que biodiversité et biomasse sont toujours en recul sur notre territoire.
Une des clefs de la réflexion à mener est de savoir de combien de logements nous avons besoin sur Liège sachant que l’étalement urbain doit être stoppé. Le chiffre de 45.000 nouveaux logements d’ici 2035 sur l’arrondissement de Liège, dont 15.000 sur notre commune, fait désormais figure de boussole, que ce soit dans le PUM ou désormais pour le SDC à venir. Ce chiffre, issu du rapport final du Schéma de Développement de l’Arrondissement de Liège (SDALg), a été déterminé par le bureau Pluris, sur base des perspectives de population et de ménages établies par le bureau fédéral du plan et des projections par couronne établies par ce bureau en 2015. Selon ces perspectives, l’évolution de la population de l’arrondissement de Liège devait passer de 620.000 en 2015 à 682.400 en 2035.
Sur base du rapport de recherche sur les perspectives de population et des ménages, publié en juin 2020 par L’IWEPS, il apparaît que les chiffres sont fortement discordants et que la croissance est inférieure à ce qui était projeté. En 2034, la population estimée de l’arrondissement de Liège serait selon l’IWEPS de 637.319 individus, soit une différence de 45.081 habitants en moins par rapport au chiffre estimé par le SDALg. Depuis 2015, les hypothèses qui sous-tendent toutes les perspectives de population ou de ménages sont en effet nettement moins optimistes.
Cette différence a malheureusement des répercussions significatives sur l’estimation des besoins en logements pour l’arrondissement de Liège, et partant pour notre ville. Le rapport de l’IWEPS estime que le taux de croissance du nombre de ménages dans l’arrondissement de Liège sera de 4,1% entre 2019 et 2034, soit une augmentation de 11.645 ménages pour un total de 298.204 ménages en 2034. On pourrait donc penser qu’il ne faudrait « que » 11.645 nouveaux logements et non 45.000 à l’échelle de l’arrondissement. Pour Liège, on passerait donc de 15.000 à 3.880 logements nécessaires.
Soyons clairs, nous avons besoin de plus de logements à Liège. Mais sur base de ces chiffres nous estimons qu’il est possible de bâtir de façon plus réfléchie, en privilégiant bien davantage les rénovations, la densification (rehausses, démolitions/reconstructions), la valorisation des bâtiments et friches industrielles, la remise sur le marché des immeubles inoccupés (plus de 2000 à ce jour), et en évitant absolument de sacrifier des espaces verts pour y développer un habitat peu dense ainsi que nous l’avons suggéré avec notre proposition de moratoire sur leur urbanisation.
Monsieur le bourgmestre, ce que révèlent ces discordances de chiffres est le besoin criant pour notre arrondissement en général et notre ville en particulier de disposer d’un portrait socio-démographique périodiquement mis à jour. Cela nous permettra de développer une politique ciblée respectueuse des enjeux sociaux et environnementaux.
Nos demandes sont les suivantes :
- Puisque la Wallonie dispose d’une institution publique de qualité en matière de statistiques avec l’IWEPS, serait-il possible de lui commander un tel portrait ?
- Afin d’avoir une meilleure photographie socio-démographique des quartiers de la ville, pourrions-nous obtenir de leur part un redécoupage du territoire de la ville en fonction des secteurs statistiques qu’ils utilisent habituellement pour l’étude des grandes villes ?
En vous remerciant d’avance,
Pierre EYBEN pour le groupe Vert Ardent
Question écrite du 02 décembre 2020
