Comme bien d’autres grandes villes, Liège souffre d’une crise du logement que la crise du coronavirus ne fait qu’aggraver. Bien qu’elles disposent d’outils pour y remédier, les autorités communales liégeoises n’en font que trop peu usage et négligent ainsi le droit fondamental qu’est le droit au logement. Les conseillers communaux Vert Ardent Laura Goffart, Elena Chane-Alune et Quentin Le Bussy ont donc décidé de mettre en lumière plusieurs lacunes de la politique communale du logement lors du conseil communal de ce lundi 31 mai 2021 à travers les cas des expulsions d’occupants de logements vides, de l’Agence immobilière sociale et du Schéma de développement communal.

Permettre l’occupation de logements vides

Les autorités communales ont la compétence d’ordonner l’expulsion d’occupants de logements vides. Dans le cadre d’un projet urbain, la Ville de Liège a exproprié l’îlot Légia situé dans le quartier de Sainte-Marguerite, qui est donc devenu sa propriété. Les travaux y sont prévus en 2023 seulement. Dans l’intervalle et dans le contexte de crise du logement, des personnes et collectifs ont investi ces lieux vides. Des membres de Vert Ardent ont eu l’occasion de visiter les lieux et n’ont pas constaté de problèmes particuliers. Ces dernières semaines néanmoins, RESA a coupé les compteurs et la Ville de Liège a demandé aux occupants de quitter les lieux.

Vert Ardent déplore cette action précipitée et potentiellement infondée, basée sur une procédure partielle, opaque et unilatérale. À l’heure actuelle, les preuves de l’insalubrité n’ont pas été présentées et les différents avis nécessaires à l’estimer n’ont pas été remis. Laura Goffart : « Nous regrettons que les autorités n’aient pas engagé de dialogue avec les occupants. À partir du moment où il n’y a pas de trouble à l’ordre public, les occupations temporaires de logements vides doivent être tolérées voire soutenues. Elles présentent plusieurs avantages comme l’entretien de ces logements et la redynamisation de quartiers. Elles sont en outre une forme de réponse au phénomène de logements inoccupés, qui concerne plus de 2000 logements à Liège ».

Face à ce type de situations, Vert Ardent propose de mettre en places des solutions telles que :

  • La convention d’occupation précaire : « Il s’agit d’une convention par laquelle un propriétaire d’un immeuble le met à disposition d’un occupant qui peut en jouir pour une période courte contre le paiement d’une indemnité », explique Laura Goffart.
  • Le commodat : « Le commodat se rapproche très fort de la convention d’occupation précaire, mais il présente l’avantage de ne pas requérir d’indemnité. Dans ce cas-ci, la Ville mettrait les immeubles en question gratuitement à la disposition des occupants tant que les travaux ne commencent pas. Elle pourrait mettre fin à ce commodat à tout moment. La Ville de Rennes a opté pour cette solution pour mettre à disposition des bâtiments à des collectifs et des migrants et tout le monde en est sorti gagnant. Le droit belge permet également cette solution, qui semble idéale à nos yeux », complète Laura Goffart.

Renforcer les moyens de l’Agence Immobilière Sociale (AIS)

Vert Ardent souligne à quel point l’Agence Immobilière Sociale peut représenter l’une des solutions à la crise du logement et demande à renforcer son exploitation. Elle est en effet un autre outil à la disposition des autorités communales liégeoises pour remédier à la crise du logement. Son rôle est de faire office d’intermédiaire entre propriétaires et locataires à la recherche d’un logement, avec pour objectif de favoriser la mise à disposition d’immeubles issus du parc immobilier, notamment en réintroduisant des logements salubres dans le circuit locatif au bénéfice de ménages en état de précarité ou à revenus modestes.

La conseillère communale Elena Chane-Alune estime en effet que l’AIS pourrait gérer bien plus de logements que les quelque 150 actuels : « À Namur, on est à plus de 300 logements gérés par l’AIS, à La Louvière à 342 alors qu’il s’agit de villes bien plus petites. C’est pourquoi, proportionnellement, nous pensons qu’il est possible d’atteindre 1000 logements gérés par l’AIS à Liège. »

Dans cette perspective, Vert Ardent regrette le manque d’ambition de la nouvelle convention conclue par la Ville de Liège avec l’AIS. La mise à disposition de 2 Équivalents Temps Plein supplémentaires est certes une bonne nouvelle, mais le subside octroyé par la Ville reste trop bas puisqu’il stagne à 100 000€. « Sans augmenter le subside alloué à l’AIS, nous ne prenons pas notre destin en main, nous attendons des solutions extérieures, et qui ne viennent pas », déplore Elena Chane-Alune, qui estime que des moyens supplémentaires sont nécessaires « pour aller trouver les propriétaires d’immeubles inoccupés, pour leur proposer des solutions, voir pour avoir du personnel en mesure de réaliser certains travaux ».

Outre le manque de moyens, l’AIS est confrontée à un autre problème : l’absence de relevé efficace des immeubles inoccupés et de publicité de celui-ci. Pour Elena Chane-Alune, la publication d’un tel inventaire permettrait plusieurs choses : « encourager les rénovations, inciter les propriétaires à passer par l’AIS, et fournir des informations aux promoteurs sur des possibilités de rachat et de rénovations ».

Le Schéma de développement communal

Le dernier point sur lequel Vert Ardent compte intervenir par la voix de Quentin le Bussy est celui du Schéma de développement communal. Bien qu’il semble que le logement doive être la pierre angulaire de ce plan communal depuis très longtemps attendu, l’adéquation entre ambition et mobilisation fait défaut : « Ce n’est pas tout d’évoquer sans arrêt les 15.000 logements dont Liege-Ville aurait besoin, encore faut-il coordonner stratégie et action. Aujourd’hui la main droite et la main gauche semblent agir séparément et il est difficile de croire que le cerveau intervienne vraiment ! Et encore, c’est sans évoquer la questions des moyens d’action largement insuffisants… », estime Quentin le Bussy.

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