Ce n’est pas une information nouvelle : le commerce liégeois est en crise, et singulièrement le commerce du Centre-Ville en général et de l’hyper-centre en particulier. À la concurrence massive des centres commerciaux nouveaux, existants voire agrandis il a fallu ajouter ces dernières années dans l’ordre : la crise COVID (qui n’est pas finie), les inondations qui ont sinistré de très nombreux liégeois.es et épuisé les énergies, le télétravail structurel qui diminue la fréquentation des centres urbains, l’explosion de l’e-commerce et enfin les travaux du tram.

On ne peut pas reprocher à Mme Fraipont de ne pas mouiller le maillot : elle écoute et répond, elle rend visite, elle décroche son téléphone nous dit-on… et encore bien !! Elle dit partout qu’elle s’active et le Collège abonde en ce sens mais sans prendre la mesure véritable de ce qui se produit en ce moment : des faillites, des cessations d’activité, des commerces autrefois florissants qui ferment, des emplois détruits, des carrières brisées et pour certains l’oeuvre de toute une vie qui s’écroule.

Les cris d’orfraie lorsqu’on ose ne fut-ce que formuler des remarques en conseil, en rapportant des faits, ça suffit ! Le commerce liégeois n’à pas besoin de soins palliatifs et de mots de réconfort, il a besoin d’énergie et d’un traitement de choc ! Pas de veillée mortuaire, mais d’une veillée d’armes ! Des demandes élémentaires ne reçoivent à l’heure actuelle toujours pas de réponses…

Les difficultés liées aux travaux étaient prévisibles – on en a vécu de très intenses dans le passé, comme dans la rue St Léonard récemment avec d’énormes dégâts. Mais ce Collège et les précédent les ont si mal appréhendés, mal anticipés que le commerce liégeois se retrouve en situation contrainte de les subir alors que comme chaque entrepreneur.se le sait : « derrière chaque contrainte il y a une opportunité ».

« Accessibilité systématiquement problématique, attractivité en berne, variété trop faible, emplacements dramatiquement inoccupés, autorités au point mort et dynamique en berne : je ne vous décris pas le champ de ruines qu’était Liège en 1468 après trois semaines de mise à sac méthodique par les bourguignons, je vous parle de Liège mi-2022 après une décennie d’apathie et deux ans de supplice. Comme commerçant de métier, j’en veux terriblement aux autorités qui n’ont su ni se mobiliser pour innover, ni écouter les commerçants et les experts qui se donnaient la peine de les conseiller, ni agir qu’il s’agisse de l’échelle. Le pire c’est que ces dégâts, pour certains irrémédiables, étaient évitables, au moins en partie et certainement pour les plus délétères. Il ne s’agit pas de pleurer sur le lait renversé, mais d’agir immédiatement pour sauver ceux qui peuvent encore l’être ».

Pour paraphraser une phrase tragiquement célèbre: « le commerce liégeois, combien de divisions ? » Entre l’échevinat du commerce et celui du développement économique, l’asbl Liège Centre (anciennement Gestion Centre-Ville) et le Bureau du Commerce, sans compter des plans pour certains bienvenus comme les Identités de Quartier, bien conçu mais sous-exploité, Place to Shop ou CréaShop… Qui fait quoi, qui coordonne qui ? Pour faire simple : qui pilote ce secteur qui pèse des milliers d’emplois ? L’existence même de ce questionnement souligne le problème… Habituel parent pauvre du Collège communal de Liège, le commerce paie également une dispersion toxique des moyens humains, documentaires et financiers.

Constats

Au niveau du Collège, nous constatons une effroyable méconnaissance du secteur, de ses mentalités, ses pratiques, ses dynamiques, ce qui à provoqué au moins quatre erreurs qui, combinées, pourraient bien être fatales au commerce de l’hyper-centre :

Anticipation ratée

Le chantier du tram était prévisible et inscrit dans les astres, or on doit constater que la Ville à été prise au dépourvu. Ecolo avait demandé cette anticipation dès la précédente législature. Dans de nombreuses Villes on prévoit des relocalisations provisoires, des facilités organisées, des exonérations ciblées, des indemnisations gonflées… À Liège rien de tout ça, ou en catastrophe quand le pire s’est déjà produit. Cette nonchalance est résolument coupable dans le chef du Collège.

Action Loyers

Faute d’y avoir pensé, le Collège aurait pu se saisir de notre suggestion de travailler d’initiative avec les propriétaires et bailleurs sur l’encadrement ou la révision des loyers. Comme disent les commerçants, « ton loyer, c’est ton samedi ». Charge fixe par définition, c’est souvent LE pivot qui met les commerçants sur la paille en cas de ralentissement prolongé de l’activité. Nous avons suggéré à la Ville d’écrire systématiquement à tous les propriétaires en avril 2020, pour travailler à des reports ou exonérations à cause du Covid, mais rien n’a été fait en ce sens. Or établir ces contacts aurait été bien utile dès que le constat que les travaux du tram auraient un impact prolongé sur l’accessibilité et le confort de l’hyper-centre…

Chèques « Commerçons bien »

Sur le principe, rien de nouveau : distribuer de l’argent public est une technique vieille comme le monde civilisé, ça peut marcher à condition d’être bien organisé. En revanche nous avons eu droit à des modalités concrètes désastreuses ET à une mesure mal calibrée qui gaspille des moyens d’autant plus précieux qu’ils sont limités.

Concrètement, il y a eu de gros ratages dès l’envoi avec des chèques pas reçus ou volés. S’en sont suivi des ratés lors du traitement des chèques à rembourser aux commerçants, créant des lenteurs par défaut d’organisation. Les délais de paiement étant inadaptés, un nombre massif de commerçants – souvent les plus modestes et qui tiraient déjà la langue – ont fini par… refuser ces chèques : quel gâchis, quel désastre!

Par ailleurs la conception à la fois naïve et lénifiante de ces chèques lui interdisait tout effet démultiplicateur et tout effet à long terme ! Un système de type « prime à l’achat » aurait permis d’injecter plus de liquidités dans le commerce liégeois pour un coût équivalent. Par ailleurs, l’injection de ces moyens nouveaux dans le commerce liégeois auraient du se faire impérativement via une monnaie complémentaire de type WIR ou Eusko, dont le circuit fermé aurait assuré la pérennité à LONG TERME avec une circulation massive entre les entreprises, en ce compris par voie électronique puisque c’est techniquement déjà en place ailleurs en Belgique francophone ! Ne pas y recourir est aberrant, ne pas même avoir pris la peine de se renseigner à ce sujet est une faute majeure (Financité).

« Les 4 millions d’euros dégagés en janvier, c’est rien moins que le plus gros budget qu’on aie jamais vu pour le commerce liégeois et il à été GAS-PIL-LE ! C’est une faute impardonnable ».

« Tout le monde peut allumer un feu avec des billets de banque, mais ça n’en fait pas un travail de chauffagiste sérieux ! Ce qu’on demande à un chauffagiste c’est de réparer la chaudière pour que personne ne meure de froid ».

Assises du Commerce

Pour finir, la dernière initiative était probablement aussi l’une des plus malaisantes : les « assises du commerce ». Un mercredi après-midi… sans commerçants… juste entendre le politique essayer de se justifier et présenter les ixièmes goodies/gadgets. Il est probablement heureux qu’il n’y ait pas eu de commerçants dans la salle, ça aurait viré en pugilat ou en émeute !

Solutions

Pour se projeter dans le concret et dans le futur, Vert Ardent propose des pistes pour la plupart élaborées et/ou déjà testées auprès de commerçants :

Soutien pratique immédiat :

  • Demande de « chômage économique de crise » jusqu’à la fin des travaux pour tous les salariés de la zone auprès du ministre fédéral socialiste Pierre-Yves Dermagne. Pour permettre aux petits commerces de garder la tête hors de l’eau sans pertes d’emplois, et conserver leur personnel au savoir-faire précieux. Il n’y aura pas de redémarrage sans travailleurs de qualité, la vente c’est un métier !
  • Négociation des loyers : mieux vaut un loyer moindre et conserver son locataire que 0% de loyers et perdre son locataire (parfois présent depuis des années).
  • Demande au Ministre Borsus de simplifier les démarches administratives pour obtenir les indemnités travaux et d’augmenter le montant des dédommagements.

Accessibilité du centre-ville :

  • Urbanisme tactique : piétonniser autour du chantier. Plutôt que le goulot d’étranglement dans lequel tout le monde s’engouffre, privilégier un plan de circulation qui libère des espaces piétonniers pour créer un coeur de ville à la Maastricht : agréable pour se promener, faire du commerce, se poser en terrasse, etc.
  • Utiliser le budget restant « Commerçons bien » pour instaurer la gratuité des transports en commun dès le week-end pour aller faire ses courses dans le centre, en aller-retour dans le sens « aller » uniquement. Cela concernerait toutes les lignes à destination de l’Opéra ainsi que des places de la République Française et rue Léopold.
  • Parking en ouvrage à 1€ la première heure. À négocier avec les propriétaires de parkings en ouvrage, aujourd’hui désespérément vides malgré des voiries noyées de véhicules. Pour 2h ça reste moins cher que de se garer n’importe comment en surface. Dans la balance : exonération de taxes pour la période concernée.

Attractivité

  • Investir les réseaux sociaux avec une marque « Liège centre-ville ».
  • Présentation des commerçants/commerces.
  • Community management ludique.
  • Authentique, demande relativement peu de moyens.
  • Permet de toucher les clients où ils sont : sur leurs smartphones.
  • Tourisme : Campagne de pub axée sur les commerçants et les produits.
  • Ton résolument « local ».
  • Accent mis sur les spécificités : enseignes spécifiques, boutiques, offre HoReCa incomparable, patrimoine.

« Le Collège se résigne à une liquidation, Vert Ardent propose une résurrection. Les grandes enseignes ont des moyens qui leur permettent de faire le gros dos, Vert Ardent veut soutenir les indépendants, si souvent ‘oubliés de la gauche et arnaqués de la droite' ».

https://www.dhnet.be/regions/liege/2022/07/09/il-faut-agir-maintenant-NZEJ4W2H4BEFXAYQV25DSG2KYE/

 

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