Monsieur le Bourgmestre, Monsieur le Président du CPAS, mesdames et messieurs les échevines et échevins, Messieurs les Directeurs généraux, chers collègues du conseil communal et du CPAS,

Nos deux instances sont réunies, ce soir, comme chaque année, pour aborder le point relatif aux « synergies entre la Ville et le CPAS ». 

Dans le contexte budgétaire actuel, il est nécessaire de viser à utiliser au mieux les moyens à notre disposition, nous en sommes bien conscients. 

Néanmoins, chez Vert Ardent, nous souhaitons que ce travail de partenariat Ville/CPAS ne vise pas qu’à réduire nos coûts, mais aussi avoir pour objectif d’améliorer le service que nous rendons aux Liégeoises et aux Liégeois. Faire mieux et plus, ensemble, voilà le sens que nous souhaitons donner à ces synergies.  

Les défis que notre Ville traverse sont nombreux, et beaucoup appellent justement une action concertée de tous les acteurs, et particulièrement la Ville et le CPAS. Nous en citerons quelques-uns qui nous paraissent particulièrement illustratifs, mais la liste pourrait être bien plus longue. 

Le 1er sujet que nous souhaiterions aborder est celui du logement.

 Nous le savons, notre Ville traverse une crise de l’accès au logement sans précédent. On peut par ailleurs craindre une augmentation du nombre de personnes sans-abris/sans chez soi à Liège, au vu des résultats du dernier recensement (à titre d’illustration, le sans-abrisme a augmenté de 30% depuis 2021, il n’y a pas de raison que la situation soit fondamentalement différente à Liège).

 Or on le sait, pour ces personnes précarisées, une réinsertion durable dans la société passe immanquablement par une solution en matière de logement. Le CPAS ne peut répondre à ce défi seul, mais il est en 1ère ligne pour venir en aide à ce public, aux côtés du milieu associatif. 

Comme Vert Ardent l’a régulièrement rappelé au Conseil Communal, n’oublions pas que la Ville dispose également de leviers pour solutionner cette crise de l’accès au logement comme un investissement plus important dans le logement public, la lutte contre les logements inoccupés, le renforcement de l’Agence Immobilière Sociale, … Nous demandons que ces solutions soient activées par la Ville et que celle-ci travaille plus en concertation avec le CPAS notamment dans les cas d’arrêté d’inhabitabilité et d’expulsion avec contact systématique des locataires par le CPAS( comme le prévoie la loi) ce qui n’est pas toujours le cas . Non seulement il est capital d’offrir un toit à chacun, mais cela permettra aussi de réduire les coûts du CPAS. Investir dans le social, c’est rentable ! 

Un autre dossier sur lequel la Ville doit davantage travailler de concert avec le CPAS, c’est l’accès à la culture et au sport. 

On le sait, la majorité Arizona a décidé de couper purement et simplement les subsides « participation et activation sociale ». Notre collègue Elena Chane-Alune a déjà abordé cette question. Cette mesure, validée par le MR et les Engagés, va avoir pour effet d’éloigner encore davantage une population précarisée de ces activités. La Ville pourrait – à moindre coût – jouer son rôle, non pas pour compenser cette mesure, mais pour l’atténuer. Un accès gratuit étendu aux institutions culturelles liégeoises pourrait ainsi être envisagé. Idem pour les clubs de sport, qui utilisent des infrastructures de la Ville : pourquoi ne pas mettre en place un accès gratuit aux chèques sport étendu au public précarisé, quel que soit son âge ? 

Venons-en maintenant à l’impact de la réforme du chômage sur nos finances locales

Beaucoup a déjà été dit, et je ne vais pas revenir en détail sur les conséquences néfastes de cette réforme, si ce n’est sur un point. En effet, et cela a déjà été évoqué par notre collègue Silvana Zilli en ces murs, cette réforme va durement frapper une série de personnes, qui se mettent au service de nos concitoyens et concitoyennes au travers de contrats ALE (pour garder nos enfants dans les écoles par exemple). Sans complément chômage, ces personnes ne seront plus dans les conditions pour exercer ce type de contrat. Cet impact a-t-il été évalué ? Comment la Ville pourra-t-elle assumer ces postes à l’avenir ? 

Cette réforme va également pousser un nombre important de nouveaux demandeurs, et particulièrement de nouvelles demanderesses, au CPAS. Ainsi, sur Liège, les estimations montrent que ce ne sont pas moins de 4.100 nouveaux bénéficiaires potentiels qui franchiront les portes du CPAS. Les projections effectuées par nos services montrent que le financement prévu est largement insuffisant, malgré les grandes déclarations des Engagés. En effet, dès 2026, mais surtout à partir de 2027, le coût de cette réforme sera de +/- 4M Euros, à charge pour le CPAS. 

Sans soutien supplémentaire, le CPAS n’y arrivera pas. Et ce soutien, l’impact de cette réforme voulue par le MR et les Engagés, ce sont les Liégeois et les Liégeoises qui vont le supporter. Au-delà des chiffres, c’est aussi en matière de réinsertion que la Ville et le CPAS doivent collaborer. En effet, si la mission du CPAS a toujours été la réinsertion, y compris au niveau professionnel, il ne pourra faire face, seul, à cet afflux massif. La Ville et le CPAS doivent travailler de concert pour permettre une réinsertion, particulièrement des publics éloignés de l’emploi. Ma collègue Silvana Zilli a évoqué dernièrement le cas des 55+. Nous pouvons aussi évoquer le cas des mamans solos : la Ville doit renforcer ses dispositifs de soutien à la parentalité pour permettre le suivi de formation, la recherche d’emploi de ce public… 

Cette réforme du chômage, au-delà de son impact brut, va également augmenter la précarité d’une partie de la population. Cela aura des répercussions sur le CPAS bien sûr, mais également sur les nombreuses associations qui assurent un tissu solidaire à Liège. Celles-ci remplissent un rôle crucial et sont déjà, malheureusement, débordées par les besoins actuels. La Ville, en tant qu’acteur public, peut jouer un rôle rassembleur et de coordination de l’ensemble de ces services pour évaluer les besoins, envisager les collaborations et faire face, ensemble, au tsunami qui va nous arriver. Nous demandons que le Collège organise, très rapidement, des concertations avec l’ensemble des acteurs sociaux pour répondre à ce défi. 

Enfin, j’en viens à la problématique de la santé mentale.

Elle est déjà particulièrement présente à Liège et votre réponse est loin d’être satisfaisante. En effet, elle vise avant tout un objectif répressif et sécuritaire, qui ne règle rien en profondeur. 

Les travailleurs et travailleuses du CPAS sont confrontés quotidiennement à des personnes souffrant de problèmes de santé mentale, de dépendance, … Comment agir durablement sur la réinsertion de ces personnes, si leurs problèmes de santé ne sont pas pris au sérieux, si des solutions curatives ne leur sont pas proposées ? Cette problématique, malheureusement, va s’accentuer avec l’exclusion massive de personnes bénéficiant d’allocations de chômage. En effet, cette situation nouvelle va créer chez elles une situation de stress et d’anxiété, liée à la perte de leurs droits et à l’incertitude quant à leur avenir. Si des mesures de prévention et d’accompagnement ne leur sont pas proposées, elles pourraient très vite, elles aussi, sombrer dans ces problématiques de santé mentale et cela engendrera de nouveau coût. Nous demandons que vous mettiez enfin en place, au niveau local, une réelle politique de santé mentale, préventive, curative et non répressive.

Notre personnel, au CPAS mais également à la Ville, n’est pas suffisamment formé que pour faire face à ces situations de fragilité mentale. Au-delà des bénéficiaires, il convient donc de prendre soin également de notre personnel lui-même. Il sera confronté à des situations stressantes et intenses, sans doute parfois à des réactions violentes de nouveaux bénéficiaires à qui le RIS sera refusé et devra être soutenu. Face à l’afflux massif des nouvelles demandes, et sans accompagnement adéquat, nos travailleurs verront leurs tâches déshumanisées, ce qui impactera leur motivation et leur qualité d’intervention. Nous soucier du bien-être de notre personnel est un devoir qui nous incombe en tant qu’employeurs et pour lequel nous attendons que la Ville et le CPAS prenne leurs responsabilités. 

Pour conclure, nous souhaitons réaffirmer, au nom de Vert Ardent, de mon collègue Rémi Gemenne et de moi-même, notre volonté de voir se renforcer les synergies entre le CPAS et la Ville, mais ces synergies doivent viser une amélioration des services que nous rendons à nos concitoyens et concitoyennes, et valoriser les ressources déjà à notre disposition et pas servir uniquement servir  à réduire les coûts des services publics, objectif cher aux partis qui composent cette majorité bleu pétrole et Arizona. Cette recherche de synergies constructives et porteuses est encore plus nécessaire dans cette période, pour faire face aux réformes d’austérité décidées à d’autres niveaux.

Je vous remercie pour votre écoute.

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