Égouts saturés, caves inondées, rues se transformant en mini-cascades, les photos et les vidéos fleurissent régulièrement sur les réseaux sociaux : Liège résiste mal aux fortes pluies, et c’est encore le cas en ce mois de mai. Alors que le changement climatique augmentera le risque de précipitations abondantes, Vert Ardent a déposé une Charte afin de développer une gestion durable des eaux de pluie, et fait ainsi d’une pierre deux coups : adapter Liège au changement climatique et diminuer les problèmes actuels.

Les eaux de pluie, des plaintes récurrentes à Liège

Liège est historiquement une ville d’eau, comme le rappelle son nom, la forme de ses boulevards et les rives de la Meuse. Cependant, elle n’aime pas les fortes pluies. Caroline Saal, cheffe de groupe  Vert Ardent au Conseil communal, pointe trois problématiques :

  1. « La forme en cuvette de notre ville dirige l’eau vers le centre. Certains quartiers le paient plus que d’autres. C’est le cas du centre-ville et de Sainte-Marguerite, qui récupère les pluies de la côte d’Ans, mais certaines rues peuvent aussi par endroits se transformer en cascades, comme les escaliers de Bueren ou les rues en pente de Sainte-Walburge et du Thier à Liège.
  2. Notre ville est la 3e commune la plus bétonnée de Wallonie : plus de la moitié du territoire est artificialisée [1]. Or le béton rend la ville imperméable et augmente le risque d’inondations.
  3. Le réseau d’égouttage liégeois est très ancien, lent à rénover et sature fréquemment face à des débits d’eau de pluie trop élevés pour ses capacités. »

Tout cela combiné, l’eau pluviale est insuffisamment captée, reste en surface et se déverse là où elle peut. « Nous recevons fréquemment des plaintes de commerçants dont les stocks prennent l’eau dans les caves, ou de piétons qui ont les pieds dans l’eau en rue et se déplacent plus difficilement. »

© Pierre-Charles Offergeld

© Pierre-Charles Offergeld

Face au changement climatique, changer la ville

Actuellement, la stratégie majeure de la Ville de Liège pour capter les pluies est le « tout à l’égout ». Cette stratégie a de fortes limites : le réseau n’est pas toujours suffisamment adapté au débit des pluies, le traitement et l’épuration des eaux sont nécessaires, et engendre un coût élevé pour la collectivité. Elle ne peut pas compenser, par ailleurs, l’artificialisation du territoire.

Il est urgent d’innover pour Vert Ardent : « Ce n’est pas la conséquence la plus connue du changement climatique, mais il va entraîner une augmentation très nette de l’intensité moyenne des précipitations et de la fréquence des pluies importantes, ainsi qu’une hausse du risque d’inondations. Rappelons-nous juin 2018, quand la Ville a fait face à des inondations reconnues « calamités publiques », explique Caroline Saal. Les Liégeois gagneraient en qualité de vie à ce que cette réalité soit prise en compte dès maintenant. Une meilleure captation de l’eau de pluie, c’est améliorer la résilience de la ville face aux changements climatiques. »

S’inspirer du cycle naturel de l’eau : les jardins de pluie

Vert Ardent demandera aux autres groupes du Conseil d’intégrer désormais des dispositifs de gestion durable des eaux de pluie systématiquement lors de la rénovation d’un espace public liégeois (rue, place, etc.). Comment ? En minimisant les surfaces imperméables, en limitant le ruissellement et en régulant le débit des eaux. « Il peut s’agir de petits dispositifs, par exemple un revêtement de sol perméable pour une allée, comme de dispositifs plus importants. ».

Vert Ardent s’inspire de communes urbaines pionnières comme Forest, et a rencontré l’échevin Alain Mugabo, qui, confronté aux mêmes problèmes que Liège, crée des jardins de pluie avec ses équipes. Un jardin de pluie, qu’est-ce que c’est ? Il s’agit d’un jardin intégré dans l’espace public, qui permet de stocker et de traiter l’eau. Légèrement renfoncé dans le sol, il attire le ruissellement, capte la pluie et la libère par évaporation bien plus tard. « Il reproduit le cycle naturel de l’eau, explique Caroline Saal. On parle aussi de bio-rétention ». Ces jardins peuvent prendre place aussi bien dans des rues, sur des places, que sur des ronds-points ou des aires de stationnement. « C’est une innovation à intégrer dans une approche globale : préserver les espaces verts, développer les toitures végétalisées, mais aussi identifier des lieux où créer ces jardins de pluie, des noues, etc. Beaucoup de villes avancent et doivent inspirer Liège. »

© Bruxelles-Environnement

© Bruxelles-Environnement

Outre les avantages à ne pas avoir les pieds dans l’eau en cas de fortes pluies, la gestion alternative des eaux de pluie a d’autre bienfaits :

  • En retenant l’eau dans le sol et en lui permettant de s’évaporer progressivement, elle améliore la fraîcheur de la ville et lutte contre le phénomène des îlots de chaleur ;
  • Les dispositifs végétaux renforcent la biodiversité ;
  • Une attention toute particulière à l’aménagement paysager contribue à embellir la ville.

Vert Ardent propose à la Ville de réaliser un diagnostic incluant les riverains pour déterminer les priorités. Caroline Saal insiste : « Il faut penser une solidarité entre les quartiers : les jardins de pluie ne doivent pas être installés uniquement aux endroits problématiques, mais aussi en amont. Si les quartiers moins touchés par le ruissellement participent à capter davantage l’eau dès qu’elle touche le sol, ils contribuent à soulager les quartiers plus affectés. »

Pour retrouver la Charte : https://vertardent.be/gestion-alternative-durable-eaux-pluviales-espaces-publics/

Caroline Saal pour le groupe Vert Ardent

Communiqué de presse du 18 mai 2021

[1] Chiffres de Statwal. En effet, constamment en hausse depuis 2010, la superficie artificialisée de Liège-Ville atteint actuellement 54,8 % du territoire.

Photo de couverture : © Jean Housen

 

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