Les chiffres, le personnel, les services rendus et à rendre… quid du budget 2020 de la Police ?

1/ Les Chiffres

Nous nous trouvons face à un budget peu rassurant, car en équilibre très précaire : Sans un report de 6,8 millions des exercices antérieurs, boni dû pour l’essentiel aux sous-effectifs, ce qui n’est évidemment pas une raison positive ni soutenable de manière pérenne, l’exercice serait largement déficitaire !

D’autant plus qu’à cette recette antérieure miraculeuse s’ajoute une augmentation très importante de la dotation communale : Cette augmentation de 2,5 millions en plus des 1,5 % prévus pour compenser l’inflation, fait qu’au total la dotation initiale est augmentée de 5,6%, pour un montant total final de 62,8 millions d’euros en faveur de la zone de police.

3 questions se posent pour nous aussitôt :

  1. Cette augmentation considérable de la dotation communale est elle considérée comme un « one shot » ou comme un effort nécessaire mais exceptionnel ?
  2. Sur quelles dépenses pouvez-vous envisager de réduire la voilure pour les années suivantes ? Ou miser vous déjà sur un scénario similaire à celui de cette année (report de l’exercice 2020 et augmentation de la dotation …ce qui inévitablement va se payer ailleurs ?
  3. Le CPAS n’a obtenu de son côté qu’un million de plus par rapport à une dotation simplement indexée. Vous savez que pour nous la cohésion sociale doit marcher sur ses 2 jambes : le maintien de l’ordre et la sécurité, ET la lutte contre l’exclusion et les inégalités. Or nous sommes tous d’accord ici pour observer que la situation sociale se dégrade à Liège de façon catastrophique et que le CPAS connaît des difficulté énormes à répondre aux défis qui lui sont posés. Vous même, Monsieur le Bourgmestre avez annoncé que LA priorité de cette législature allait être la lutte contre la misère. Du coup, face à la situation sociale catastrophique, n’aurait-il pas fallu « mettre la gomme »sur la dotation du CPAS, quitte à inverser le montant des suppléments accordés à la Police et au CPAS ?

2/ Le Personnel

Chacun sait à quel point les policiers exercent un métier devenu particulièrement stressant et exposé au danger. Les policiers liégeois ont payé ces dernières années un lourd tribut à ce contexte sociétal tendu. Le burn out, voir la dépression frappent dès lors nombre d’entre eux.

Il nous semble essentiel que cette souffrance face au stress, aux situations dangereuses, voir les atteintes à leur intégrité physique (ou celle de leurs collègues) soit prise en charge par l’écoute et le soutien psychologique quand c’est nécessaire ? Est-ce suffisamment le cas ? Idem concernant des formations à la maîtrise face à des situations de tension ou d’agression !

Dans le même esprit, nous soutenons par ailleurs tous les achats qui garantissent l’équipement adapté et nécessaire à nos policiers pour pouvoir être protégés au mieux.

Mais comment sortir de ce stress au travail quand on regarde les chiffres concernant l’effectif :

  • Norme minimale fixée par A.R : 1113 policiers opérationnels ;
  • Cadre fixé par la Ville : Idem 1113 policiers opérationnels ;
  • Budgétise en 2019 : 1065 ….mais seulement 989 en service effectif au moment de la réalisation du budget ;
  • Budgétisé en 2020 : 1045: soit 56 en plus que les effectifs actuellement en service, mais toujours 78 en moins que le cadre et la norme fixés !

3 questions se posent à ce sujet :

  1. Comment aller vous arriver à recruter les 56 policiers supplémentaires, et surtout à les garder en effectifs en service ? (Pour rappel : Mme Defraigne nous a expliqué les difficultés pour maintenir les effectifs à leur niveau et a évoque qu’en 2018, 117 policiers ont quitté la zone de police tandis que seulement 72 agents ont pu être engagés ! Quelle est la balance pour 2019 et comment faire pour, au minimum équilibrer cette balance ?).
  2. Ne faut-il pas un jour reconsidérer le cadre fixé (en tenant compte des Calogs ! et du nombre de policiers à Liège par habitants est supérieur à celui d’autres villes wallonnes) ? Et ne faut-il pas réfléchir dès lors à recadrer sur les missions prioritaires ? Ainsi nous évoquons régulièrement la fameuse centralité de Liège et la nécessaire approche d’agglomération : est-il normal que les frais extrêmement importants du maintien de l’ordre au Standard ou aux Ardentes… repose sur le seul budget de Liège alors que le public dépasse évidemment largement les frontières communales ? Est- il normal de faire appliquer un règlement mendicité inapplicable par des policiers, alors que des travailleurs de rue seraient bien mieux indiqués pour rappeler quelques règles de base et orienter vers les services sociaux ou le CPAS ?
  3. Les budgets inconvénients (c’est à dire des heures supplémentaires, les WE, nuits…) sera rééquilibré, nous dit-on …Seront-ils juste rééquilibrés ou augmentés ? Et rééquilibrés comment et pourquoi ?

3/ Les Services à la population

Certaines situations demandent à notre avis une attention toute particulière :

Nous pensons par exemple à l’accueil des femmes dans les commissariats : une trentaine de policiers bénéficieront en 2012 d’une formation dans l’accueil des femmes victimes de violences grâce à un subside du Centre pour l’égalité des femmes et des hommes. Sur quelle base, quels critères sont choisis ces 30 policiers ? L’objectif ne doit-il pas être de permettre une telle formation à tous les policiers ?

Le principal sentiment d’insécurité ressenti par les Liégeois est lié à manque de sécurité routière : passages piétons non éclairés ou quasi effacés, stationnement sur les trottoirs et pistes cyclables, et surtout vitesses scandaleusement excessives. Un exemple particulièrement flagrant est celui de l’axe rue Ste Marguerite, rue St Séverin, rue Léon Mignon. Plutôt que de multiplier les caméras, incapables dès l’obscurité d’identifier les fautifs, une présence policière capable d’intervenir et de sanctionner ainsi que des dispositifs ralentisseurs permettraient sans doute plus sûrement d’agir. Cela d’autant plus que le coût des caméras s’avère cette année encore comme exponentiel avec un budget total de 634.000 euros, rien que dans l’extraordinaire !

Un dernier exemple de service à améliorer : dans le budget extraordinaire il n’est nulle trace d’un aménagement du commissariat situé dans l’hôpital militaire de St Laurent afin d’y permettre l’accès à des PMR ou mamans avec poussette. Nous avons déjà pointé ce manquement l’année dernière.

En conclusion

Nous continuerons plus que jamais à soutenir la police en ces temps compliqués, et nous pensons que pour des raisons tant budgétaires que de qualité de vie et de service rendus à la population, il est urgent de réfléchir sérieusement sur une redéfinition des missions et, par conséquent, sur les dépenses vraiment indispensables pour la sécurité dont ont besoin les Liégeoises et les Liégeois.

Guy Krettels pour le groupe Vert Ardent

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