Monsieur le Bourgmestre, chers collègues,

Monsieur le Chef de Corps, c’est à vous que je voudrais d’abord m’adresser. Dans une interview du 5 décembre dans la presse locale, vous avez exprimé « le profond mal-être de vos policiers » et vous avez pointé du doigt « l’insupportable amalgame qui est fait par certains entre la police de Liège et celle de Paris ou des Etats-Unis ».

Nous ne partageons pas ces amalgames, et nous avons toujours exprimé notre respect pour le difficile travail de ces femmes et hommes qui ont pour tâche de veiller à notre sécurité, au prix parfois de la leur.

Et j’ai une pensée ce soir pour Monsieur Pans, 33 ans ; qui sans raison, s’est fait tirer dessus en septembre 2019 à Jupille et se trouve toujours dans un état de santé très compliqué et avec le risque de séquelles à vie. Bonne nouvelle : il a pu enfin rentrer chez lui ces jours-ci.

En dehors de quelques désaccords démocratiquement légitimes – tel l’achat des tasers et la multiplication, exponentielle des frais de caméras : plus de 600 000 euros encore cette fois-ci ! – notre respect et notre soutien à l’action de notre Police a été constant.

Mais ce soutien requiert en retour une volonté de comportements irréprochables de la part de nos policiers ! Parmi ceux-ci nous insistons notamment sur les 3 suivantes :

  • Tolérance Zéro en matière des Droits Humains, et en particulier de toute forme de racisme ;
  • Tolérance Zéro à l’égard des violences intrafamiliales, et en particulier des femmes (nous saluons, dans ce cadre, l’initiative de faire circuler une policière en tenue civile qui entre juillet et octobre a verbalisé 16 comportements sexistes et fait 10 rappels de la loi. Un dispositif à reproduire !) ;
  • Garantie de la liberté d’opinion, et donc de la manifestation de celle-ci, (dans les règles des mesures actuelles en vigueur). Il faut éviter que des dispositifs et présences policières disproportionnés empêchent de facto certaines manifestations ! (comme ça semble avoir été le cas il y a une dizaine de jours : 20 combis, 2 autopompes,et un hélicoptère pour moins de 100 manifestants masqués sur une grande place….et tout ça pour quel coût ?

Le budget qui nous est présenté n’est pas rassurant : Si 2020 s’est clôturé sur un boni de 6 millions, 2021 augure d’un déficit de 7,5 millions ! (Soit un écart cumulé de 13,5 millions en moins entre ces 2 exercices !! Ce boni de 2020, complété par le fond de réserve vidé pour l’occasion, permet heureusement d’équilibrer le budget pour 2021, mais ne peut pas occulter les difficultés qui s’annoncent pour les années suivantes, avec notamment la charge des pensions qui ira crescendo (déjà 16 millions par an, soit 16 % des dépenses ordinaires).

Par ailleurs, il reste beaucoup d’inconnues dans le budget qui nous est présenté, notamment en ce qui concerne les subsides fédéraux.

L’incertitude concernant le subside « Sécurité routière » nous paraît particulièrement embêtant : Avec les changements très importants en cours dans la mobilité à Liège (routes cyclables, sécurisation des passages piétons, chantier du tram…), il nous semble que l’action policière renforcée tant préventive que répressive, dans un second temps, sera indispensable pour garantir le respect de ce début de transition sur nos espaces publics.

Toujours concernant le respect de l’espace public : un article dans « La Meuse » de ce lundi évoque les résultats probants de la « Green Team » de la police serésienne en matière de dépôts clandestins qui grâce à des planques a pu mettre la main sur 27 pollueurs en flagrant délit ! Une idée à suivre, et apparemment plus efficace vu l’intervention et la sanction immédiate, plutôt que de multiplier à l’infini les caméras ?

Comme nous n’avons pas eu cette année de Conseil de Police pour discuter des priorités de la Police en 2021, nous vous suggérons d’appliquer ce type d’interventions concernant des problèmes qui nous paraissent prioritaires, à savoir la sécurité routière et les dépôts sauvages.

Concernant le personnel : La bonne nouvelle est évidemment que l’effort de recrutement a permis de quasi atteindre l’effectif visé de 1044 policiers (et qui reste malgré tout inférieur au cadre qui est fixé à 1063). Rappelons qu’il y a un an nous en étions à 56 policiers en-dessous de l’objectif atteint cette fois-ci !

Ceci a pour effet de pouvoir réduire le nombre trop important d’heures supplémentaires, et de nous permettre aussi de ne plus devoir faire appel à des détachements de la police fédérale… ce qui nous permet de consacrer la réserve de 200 000 euros prévus à cet effet, à l’équilibrage du budget. Par ailleurs nous imaginons qu’il est préférable de pouvoir travailler en permanence avec des policiers communaux, bien connus et intégrés, plutôt qu’avec des policiers parachutés pour certaines opérations et qui connaissent moins bien le terrain.

Les nombreux départs en pension, parallèlement aux nombreux recrutements, ont eu pour effet de rajeunir notre corps de police, ce qui est une excellente chose. L’important est maintenant de les garder… et pour cela de prendre « soin » d’eux, en ces temps difficiles ! Les soigner ce n’est pas que les armer, voir robotiser de plus en plus ! C’est plutôt prêter toute l’attention nécessaire à leurs conditions de travail ; rester dans des horaires supportables en diminuant au maximum les heures supplémentaires ; faire des activités team building ; créer des moments d’échanges collectifs – éventuellement avec l’apport d’une cellule extérieure – pour déposer et partager leur vécu parfois traumatisant ; prendre en considération  le stress traumatique inhérent à leur boulot,… si nécessaire par un suivi psychologique ; assurer une politique de formation continuée et de qualité).

J’en viens à une série de questions :

  • Nous sommes inquiets et surpris d’apprendre que la grande majorité des absences au travail ne sont pas dues au Covid mais à des accidents de travail ! Pouvez-vous nous préciser de quel type d’accidents il s’agit, et ce qui peut être fait pour en réduire le nombre ?
  • Qu’en est-il exactement de l’accessibilité de tous les citoyens aux services de la police : je pense ici à l’accessibilité physique (notamment au commissariat de St.Laurent), mais aussi au dépôt en direct de plaintes, limité à quelques rares commissariats. Comment s’en sortent les personnes qui ont des difficultés avec l’outil informatique ?
  • Qu’en est-il des scancars ? Les nombreux dysfonctionnements du début ont-ils pu être corrigés ? Pouvez-vous confirmer le chiffe de 9% de réclamations… et comment faire pour le faire diminuer ? Nous attirons l’attention également sur l’importance de voir dans les recettes supplémentaires prévues grâce aux scancars, non pas une nouvelle taxe renforcée, et potentiellement injuste, car non proportionnelle aux revenus, mais plutôt un outil intégré dans une volonté politique de diminution du nombre de voitures pénétrant le Centre Ville.
  • Monsieur  le bourgmestre, nous avons beaucoup parlé hier soir de la centralité de notre Ville et toutes les fonctions et coûts qui en découlent. Qu’en est-il dans le domaine de l’action policière ? L’étude commandée avec Charleroi devrait s’intéresser de près à ce volet ! (PAB , maintien de  l’ordre pour événements métropolitains…..)
  • Pour terminer une question liée à l’actualité : Quelles attitudes / choix face à surcharge de travail engendrée par l’annonce gouvernementale d’un renfort des contrôles du respect des mesures Covid ?

Je vous remercie de vos réponse.

Guy Krettels pour le groupe Vert Ardent

Intervention au Conseil Communal spécial Budget du 22 décembre 2020

 

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