Monsieur le Bourgmestre, Monsieur le Président du CPAS, mesdames et messieurs les échevines et échevins, Messieurs les Directeurs généraux, chers collègues du conseil communal et du CPAS,

A Liège, la solidarité est une valeur essentielle. Liège est une ville solidaire. Les politiques sociales ne sont pas seulement des lois ou des réglementations complexes, ce sont des valeurs profondément enracinées dans nos cœurs et dans notre âme en tant que liégeois et liégeoises. Et il est de notre devoir tant au sein du CPAS que du conseil communal de défendre ces valeurs de solidarité avec force et conviction.

Nous sommes convaincus que la politique sociale est comme un jardin : si nous ne le cultivons pas, il se fane et le risque qu’il se fane jusqu’à disparaître est toujours présent. Mais si nous le nourrissons, si nous prenons soin de lui, si nous mettons en place les conditions dans lesquelles il peut s’épanouir, alors il produit des fruits abondants pour toutes et tous. Et c’est ce que nous souhaitons pour notre ville.

Ce conseil commun est traditionnellement le moment d’évoquer l’importance des politiques sociales à Liège et les synergies nécessaires entre la commune et le CPAS. Je dis bien évoquer car force est de constater qu’il est ici peu question d’échanges d’idées et de projets communs concrets. Les déclarations de chaque groupe se succèdent l’une après l’autre de manière assez linéaire et ce n’est pas ce qu’il y a de plus propice à l’échange constructif d’idées et de propositions. On aurait préféré que soit établi un ordre de jour avec une liste de sujets plus spécifiques et peut-être plus concrets sur lesquels nous aurions pu échanger. Quelque chose de plus vivant aussi et qui puisse s’attarder sur les difficultés concrètes vécues par la population liégeoise. Un conseil commun, cela pourrait être un conseil où l’on peut interpeller l’un ou l’autre échevin sur une question sociale particulière qui soit en lien avec ses compétences. Cela pourrait être l’occasion de présenter l’un ou l’autre projet ou dossier porté par le CPAS ou par la ville en matière de politique sociale et de le mettre en débat. Mais non, force est de constater que le même schéma est reproduit d’année en année. Soit, dont acte !

Parlons donc des synergies, ou des manques de synergie, entre le CPAS et la ville de Liège. 

Il est évident que le CPAS de Liège ne serait pas en mesure de répondre à ses missions sans la participation financière de la ville. C’est une évidence puisque l’une des missions principales du CPAS est de verser les revenus d’intégration sociale à celles et ceux qui y ont droit et en ont besoin sur le territoire de la commune après avoir vérifié ces droits et ces besoins. Sachant que, dans leur grande majorité, les 12 000 RIS de Liège sont subventionnés par l’État fédéral à hauteur de 70%, il ne faut pas être grand mathématicien pour se rendre compte que les 30% supplémentaires doivent de facto être assumés par le CPAS lui-même, donc par la ville. La dotation de la ville au CPAS, qui s’élève cette année à 38,2 millions d’euros, est donc en grande partie affectée au comblement de ces 30% qui ne sont pas assumés par le niveau fédéral. Depuis 2015, vous le savez, avec le renforcement de la chasse aux chômeurs, le nombre de revenus d’intégration a bien entendu explosé. Il est donc clair que l’Etat fédéral a, ce faisant, organisé un gros transfert de charge de la sécurité sociale vers l’aide sociale et cela principalement au détriment des communes. Ce n’est ni la faute de la ville ni celle du CPAS, mais c’est un fait qu’il faut bien intégrer.

Autres facteurs extérieurs qui impactent directement les politiques sociales et la précarisation de nos concitoyens, ce sont évidemment les crises à répétition auxquelles notre ville a été soumise ces dernières années : covid, inondations, guerre en Ukraine avec l’organisation de l’accueil de réfugiés mais aussi avec un impact considérable sur les prix de l’énergie et donnant lieu à une inflation importante. L’inflation justement parlons-en puisque d’aucuns se félicitent de voir la dotation communale au CPAS augmenter cette année par rapport à l’année dernière. Regardons un peu les chiffres :  de 37,3 millions la dotation passe cette année à 38,2 millions, soit une augmentation de 938 000 euros, c’est donc une augmentation de 2,51%. Nous remercions la Ville pour cet effort, dans une situation compliquée. Néanmoins, regardons les chiffres des revenus d’intégration, leur nombre est relativement stable, il tourne autour de 12 000, mais la subvention du fédéral qui couvre la majeure partie de ces RIS augmente de 7,93 %. Sachant que le CPAS est forcé de prendre en charge directement 30% de ces RIS on pourrait s’attendre à ce que comme le fédéral, la dotation de la ville augmente aussi de 7,93 %, afin notamment de bien tenir compte de l’inflation. Mais en fait non! Donc comparons des pommes avec des pommes s’il vous plait : non si l’on tient compte de l’inflation et de l’augmentation proportionnelle de la part fédérale des RIS, la dotation communale au CPAS n’augmente pas, on pourrait même presque dire qu’elle diminue ! Par comparaison la dotation à la zone de police passe de 69,6 millions à 81,3 millions, soit une augmentation de  plus de 10 millions par rapport à l’année passée, ou encore une augmentation de non pas 2,51%, non pas même 7,93%, mais bien une augmentation de 16%. Et cela correspond à des besoins. Mais les besoins sont aussi présents en matière sociale. Je ne comprends pas qu’un effort similaire ne soit pas fourni pour ces deux institutions communales majeures. Je répète quelque chose que j’ai déjà eu l’occasion de dire : prendre soin des politiques sociales est aussi un investissement en prévention tout à fait bénéfique en termes de sécurité, il me semblerait utile de creuser cette réflexion.

Donc, en matière de synergie, malgré les apparences, on peut mieux faire !

Pour Vert Ardent, la politique sociale est comme un arbre. Elle doit avoir des racines profondes pour soutenir notre communauté et des branches solides pour protéger les plus vulnérables. Si nous arrosons régulièrement cet arbre et nourrissons ses racines, il pourra fournir de l’ombre et des fruits à tous. Mais si nous ne prenons pas soin de cet arbre, si nous le laissons se dessécher, il ne pourra pas remplir sa fonction essentielle et nous risquons de perdre cette source de vie et de solidarité.

Passons à un autre projet de synergie, un chouette projet d’ailleurs, celui du regroupement de services de la commune et du CPAS dans un même bâtiment, la cité administrative. Une bonne idée, le CPAS a d’ailleurs participé au financement, ce qui est normal puisqu’il va y occuper des locaux. Mais on ne sait pas encore concrètement comment en fait, puisqu’il n’existe aucune convention d’occupation. Le CPAS a donc donné cet argent sans contrepartie, il n’y a toujours pas d’écrit manifestement. J’ai l’habitude de régulièrement interpeller le président du CPAS à ce sujet car il me semble que l’existence d’une telle convention devrait être la moindre des choses.

Donc en matière de synergie, malgré les apparences, là aussi on peut mieux faire.

Alors, si l’exemple de la cité administrative est globalement bon en termes de synergie malgré cette absence de convention, force est de constater que les synergies ne semblent pas être au top au niveau de la rénovation énergétique des bâtiments communaux. On remarque quelques projets au budget extraordinaire du CPAS, dont celui important de l’abri de nuit qui va enfin pouvoir avancer en grande partie grâce à la Wallonie et à l’UE. Mais le défi est immense dans les prochaines années pour rénover les bâtiments publics, la Wallonie met des moyens importants à disposition des pouvoirs publics via divers mécanismes (Ureba, Ureba exceptionnels, PIV, Renowatt, …). Il semble que la ville et le CPAS soient encore un peu timides pour rentrer les dossiers et profiter de ces aides, un peu à l’image du fiasco relatif au soutien financier aux commerçants lorsque la ville a jugé bon de ne pas rentrer de dossier… incompréhensible.

Il serait bon d’avoir une politique de rénovation des bâtiments publics cohérente entre ville, CPAS et zone de police. Nous proposons donc de développer des synergies vers un vaste programme de rénovation énergétique pour les bâtiments publics, avec en guise de cerise sur le gâteau une politique innovante en matière de production d’énergie renouvelable. Cela permettrait de renforcer la robustesse de la ville et de diminuer ses factures d’énergie.

Donc en matière de synergies, dans ce domaine aussi, on peut mieux faire !

En tant que mouvement citoyen et écologiste ancré dans les valeurs de solidarité, Vert Ardent est convaincu que la solidarité et l’égalité sont des valeurs essentielles à la construction d’une société juste et durable. Malheureusement, ces dernières années, les difficultés sociales à Liège ont augmenté. Les coupes budgétaires et les restrictions imposées principalement au niveau fédéral par les gouvernements précédents ont affaibli durablement notre système de sécurité sociale, ont déplacé le problème et ont laissé de nombreuses personnes sans soutien adéquat. Nous constatons une augmentation de la pauvreté, de l’exclusion sociale, de la précarité, de la malnutrition et du sans-abrisme dans notre ville.

Nous croyons fermement que la commune et le CPAS doivent travailler ensemble pour offrir un soutien complet aux personnes en difficulté. Il est donc essentiel d’encore renforcer les synergies entre nos deux institutions tout en gardant l’indépendance nécessaire à la bonne réalisation des missions publiques qui leur sont confiées.

Nous proposons donc d’agir en synergie et de manière coordonnée concernant l’aide alimentaire et concernant la soupe gratuite dans les écoles qui est une vraie mesure sociale que Vert Ardent porte depuis longtemps et qui permet de soulager les familles. Agir ensemble pour lutter contre les difficultés vécues par notre population dans le domaine du logement car tant le CPAS que la ville ont des leviers pour améliorer la situation actuelle en cette matière. Agir ensemble pour rendre les activités sportives plus accessibles, il n’est par exemple pas normal que le prix pour accéder au jogging de Liège soit si élevé et qu’aucun mécanisme n’existe pour que les familles modestes puissent y accéder, malgré l’existence de l’asbl Coup d’Envoi. Les chantiers où les potentielles synergies entre nos deux institutions pourraient être renforcées ne manquent pas

Nous souhaitons par ailleurs que la ville et le CPAS travaillent de concert à un véritable plan de communication ambitieux en matière d’information de la population sur les droits sociaux qui sont les siens car nombreuses sont les personnes qui ne connaissent pas leurs droits et qui pourraient éviter bien des difficultés si ceux-ci étaient activés à temps.

Autres synergies nécessaires, la coordination de nos deux institutions en matière de mendicité et de personnes sans-abris. Il existe des bonnes pratiques dans de nombreuses autres villes européennes. Prenons exemple, laissons-nous inspirer. Depuis longtemps Vert Ardent réclame la création d’un hôtel social, soyons de bon compte, ce qui se dessine pour l’abri de nuit permettra déjà un petite avancée en ce sens, mais c’est largement insuffisant et cela ne permettra pas de répondre aux besoins. Nous sommes par ailleurs convaincus que ville et CPAS, peut-être avec le concours d’ISOSL, gagneraient largement à développer une institution capable d’accueillir les personnes qui faute de rentrer dans les bonnes cases sont obligées d’être hébergée par des institutions non-agrées (les fameuses « maisons pirates ») qui pratiquent des prix élevés et qui obligent les bénéficiaires ou les administrateurs de biens à faire appel à l’aide financière du CPAS pour couvrir ces frais.  

Enfin, il nous semble nécessaire de promouvoir la participation citoyenne et l’engagement associatif dans la mise en œuvre de ces politiques sociales. Les associations locales ont une connaissance approfondie des besoins de la population et peuvent jouer un rôle clé dans la mise en place de solutions adaptées à leur situation. Et de facto le monde associatif agit déjà beaucoup pour pallier aux manquements des politiques publiques. Dès lors des synergies avec le milieu associatif social doivent encore plus être développées et renforcées.

Chers collègues, notre vision est claire : nous voulons une ville solidaire, inclusive et durable. Une ville où personne n’est laissé-pour-compte et où chacun et chacune peut vivre dignement. Liège, grâce à son esprit de solidarité, a les moyens de mettre en œuvre des politiques sociales justes et ambitieuses, il faut de la volonté politique et de l’engagement de la part de toutes et tous.

Pour la justice sociale à Liège, nous devons sans cesse planter les graines de la solidarité et les faire pousser avec bienveillance et dévouement. Pour le bien être de notre ville, pour le bien être de sa population et son droit de vivre dignement.

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