Monsieur le Bourgmestre, Mesdames et Messieurs les échevines, échevins, conseillères et conseillers communaux, chers collègues du CPAS,
L’année 2021 a apporté son lot de difficultés. La pandémie de covid-19 amorcée en 2020 s’est prolongée. La vaccination n’a, hélas, pas encore permis de retrouver notre fonctionnement de vie antérieur bien qu’elle contribue à la lutte contre le virus.
Cette crise sanitaire nous a tous impactés, mais elle a touché encore plus durement la population liégeoise déjà précarisée.
La Cellule Covid mise en place au sein du CPAS de Liège a vu l’arrivée de “nouveaux bénéficiaires” à savoir des étudiants qui n’ont pas pu exercer leur job et qui se sont retrouvés fort démunis pour subvenir à leurs frais scolaires (kots, mais aussi besoins alimentaires) ; des indépendants qui n’arrivent plus à rembourser leurs créances suite à la fermeture prolongée de leur établissement ; des travailleurs mis en “chômage technique” et qui n’ont eu d’autre choix que de demander une aide financière pour subvenir à leurs besoins de base.
Les mesures sanitaires imposées par la covid ont modifié nos façons de fonctionner : achats de gel, masques, ordinateurs, connexions internet… autant de frais supplémentaires qui font basculer dans le rouge les petits budgets.
Se sont encore ajoutées à cette situation difficile, en juillet de cette année, les inondations avec malheureusement des pertes humaines, mais aussi des pertes de revenus, de biens mobiliers et pour certains de biens immobiliers, dans les vallées de la Vesdre et de l’Ourthe mais aussi bien évidemment à Liège où ces deux cours d’eau se rejoignent avant de se jeter dans la Meuse.
Nos pensées vont à tous les sinistrés de ces inondations qui doivent toujours à l’heure actuelle faire face à des situations très difficiles.
Nous tenons à remercier tous les travailleurs du CPAS et de la Ville ainsi que le monde associatif liégeois et tous les citoyens et citoyennes bénévoles qui n’ont pas hésité à venir sur le terrain pour prêter mains fortes aux sinistrés.
Toutefois, même si l’aide s’est relativement vite organisée face à ces 2 évènements majeurs, la coordination des moyens à parfois laisser à désirer.
Il apparait donc urgent de mettre sur pied un “Plan catastrophe” et de désigner un gestionnaire de crise pour une rapidité accrue d’intervention en pareil cas.
Nous aimerions insister sur le fait qu’aujourd’hui encore, des citoyens liégeois n’ont pas demandé les aides auxquelles ils ont droit ! Certains par honte, d’autres par méconnaissance de leurs droits. Les démarches pour obtenir une indemnisation sont longues. Pour les personnes défavorisées, la barrière culturelle et/ou linguistique peut encore compliquer l’accès à cette information.
Les renforts ”Tempor” à la Cellule Covid et les éducateurs mis à la disposition, par la Ville, dans les centres d’accueil « inondations” ne semblent pas suffire vu les appels à l’aide de certains riverains qui continuent à nous parvenir.
Ainsi, Vert Ardent demande la création d’un guichet unique Ville/CPAS pour permettre une centralisation de l’information et la diminution de la stigmatisation ressentie chez certains usagers.
Enfin, si l’impact social a été fort, il ne faut pas non plus négliger l’impact psychologique de tels évènements.
La population a été confrontée à des images parfois insoutenables et un stress intense. Le personnel et les bénévoles ne sont pas formés à recevoir la parole autour du trauma.
Le subside fédéral qui a permis l’engagement de psychologues arrive à son terme le 31/12/21.
Dès lors, il nous parait important de se donner les moyens de poursuivre les espaces de paroles mis en place pour le personnel du CPAS mais aussi d’ouvrir l’offre de soin à toute personne sur le territoire de Liège (notamment les enfants) touchés de près ou de loin par les inondations et leur donner accès à un suivi pluridisciplinaire si besoin car les conséquences émotionnelles se font parfois sentir après plusieurs mois et nécessitent une gestion à long terme par des professionnels.
Pour ce qui est de l’aide matérielle (outre le fonds Covid), celle apportée par la Croix Rouge de Belgique a permis de compléter l’aide fournie par notre CPAS mais cela a aussi eu pour conséquence d’engendrer un surcroit de travail pour le personnel.
Les travailleurs sociaux sont déjà débordés (voire épuisés !) par le nombre sans cesse croissant de dossiers ces dernières années. Cela entraine une accumulation de retards non négligeables dans l’ouverture des droits au RIS/aide sociale. Certains agents du CPAS doivent faire face à de la violence verbale et parfois physique de la part d’usagers excédés de devoir attendre avant d’obtenir réponse.
Une fois encore, la critique ne porte pas sur les travailleurs dont la plupart partagent ce malaise de ne pouvoir répondre dans le mois comme l’exige la loi. Le constat est d’ailleurs le même dans d’autres CPAS de grandes villes comme Charleroi.
Nous rappelons simplement, comme chaque année, qu’il y a nécessité d’accroitre l’effectif du personnel afin de répondre à la détresse sociale.
Une augmentation de budget en matière de politique sociale doit être une des priorités de la Ville. Nous tenons ici à souligner l’effort budgétaire consenti par celle-ci en matière de dotation au CPAS, mais cela reste malheureusement insuffisant.
Les difficultés de la Ville liées aux pensions auxquels s’ajoutent, cette année, les frais engendrés par le piratage du parc informatique grèvent le budget. Nous en sommes bien conscients.
C’est pourquoi nous réclamons aussi une prise en charge globale du RIS/Aide sociale par le fonds fédéral pour soulager les finances du CPAS.
Il va de soi que le secteur public ne peut tout gérer.
“L’union fait la force”, comme le dit notre devise nationale. C’est ainsi qu’une amélioration du partenariat avec le monde associatif nous semble utile. Notre CPAS a déjà une série de conventions en la matière. Nous nous en réjouissons. Poursuivons en ce sens. La task force Logement en est un bel exemple.
Cette problématique du logement fait également partie des préoccupations de Vert Ardent.
L’accès à une habitation correcte pour un prix correct est de plus en plus inaccessible pour de nombreux Liégeois.
Les listes d’attente pour obtenir un logement social se sont encore allongées avec les demandes des sinistrés devenus, en toute logique, prioritaires. Les logements de transit sont pleins ! Des dérogations sont régulièrement accordées lors du Comité Spécial du Service Social pour autoriser des prolongations de séjours en logement d’urgence car les recherches des usagers sont infructueuses !
Nous insistons donc pour que la Ville n’hésite plus à appliquer les réquisitions de logements vides et à appliquer les taxes pour immeubles inoccupés comme le permet la loi. Pour ce faire, il est absolument essentiel de disposer au préalable d’un cadastre mis à jour des immeubles inoccupés (le dernier date de 2018 mais semblait déjà obsolète et erroné). Le nombre de logements inoccupés est estimé à plus de 2000, ce qui est considérable, d’autant plus dans une ville où la demande est importante.
Par ailleurs, comme nous ne cessons de le répéter depuis le début de cette législature, l’Agence immobilière sociale doit être renforcée et être mieux connue des propriétaires et du grand public. Nous ne constatons qu’une très légère amélioration depuis le début de cette législature. L’AIS demeure cependant un outil tout à fait sous-utilisé à Liège. Il pourrait être extrêmement efficace pour lutter contre les problèmes de logement et être particulièrement intéressant pour toutes les parties. La communication vis à vis des propriétaires et des potentiels bénéficiaires est extrêmement faible : l’AIS ne dispose même pas de son propre site internet ! L’AIS d’une ville comme Liège devrait être beaucoup plus performante et être leader en Wallonie, c’est pourtant tout l’inverse et c’est une honte ! Selon Vert Ardent, l’AIS d’une ville comme Liège devrait être capable de gérer un bon millier de logement. On est loin du compte, alors qu’on estime à environ 2000 le nombre de logements inoccupés.
Il faut aussi continuer à augmenter la capacité d’accueil des SDF. La caserne Saint-Laurent est en rénovation mais fort heureusement l’accueil pourra être maintenu via les locaux à Don Bosco ! En cela, nous nous réjouissons et soutenons depuis le début l’agrandissement de l’Abri de nuit.
En effet, en dehors de la période de “Plan Grands Froids”, le manque de lits contraint l’équipe à mettre en place une procédure d’accès limité pour que chaque usager puisse avoir accès, à tour de rôle, à quelques nuits au chaud. C’est inacceptable !
Nous souhaiterions donc également la création d’un véritable Hôtel solidaire afin de permettre aux sans logis de se poser le temps de remettre en ordre leur situation tant sociale que sanitaire. Pour Vert Ardent, un Hôtel social (ou solidaire) n’est pas un dortoir rafraichi. Il s’agit plutôt d’un ensemble de petites chambres individuelles ou doubles offrant un répit (avec un « chez-soi temporaire » de quelques semaines, voire quelques mois) avec un minimum d’intimité, de sécurité, de tranquillité, pour se refaire une santé, se remettre en ordre administrativement, en étant accompagné sur le plan social et sanitaire. Plus de places réservées aux femmes seraient aussi nécessaires.
Pour Vert Ardent, un “Liège Zéro sans-abrisme” passe inévitablement par ces mesures relatives au logement ! Or, la coalition PS-MR à Liège est bien loin d’approcher de cet objectif.
De même, l’accès aux soins infirmiers pour ce type de public doit être renforcé. Actuellement, malgré le CASS (Carrefour Santé Social), ces prises en charge doivent être complétées par des initiatives privées (asbl SMILE, infirmiers de rue, La Fontaine…).
La santé physique et mentale de nos concitoyens doit être une priorité !
Ici, une coopération accrue avec les acteurs de santé sur le territoire est primordial.
Dans le monde d’aujourd’hui, plus que jamais, la solidarité entre citoyens est nécessaire pour faire face aux difficultés sociales et cela est encore plus vrai chez les plus démunis !
L’habitat groupé doit être favorisé pour permettre une diminution, entre autres, des coûts du logement et de l’énergie qui explosent !
Pour ce faire, il est temps que les droits soient individualisés et que le taux isolé soit plus souvent appliqué en matière de colocation. Chez Vert Ardent, nous y sommes attentifs et orientons nos décisions en ce sens, pour toute demande qui le permet, lors du CSSS. Au delà d’une nécessaire réforme de la loi fédérale pour arriver à une individualisation des droits qui simplifierait grandement de nombreuses démarches et procédures et pour laquelle nous militons, il existe déjà des leviers dans l’interprétation que nous faisons de la loi actuelle en matière de cohabitation ou de colocation au jour le jour et au regard de la jurisprudence qui existe. Nous invitons donc nos collègues à nous rejoindre dans ce sens et savons que le président du CPAS est également sensible à cette question.
D’autre part, il est également nécessaire que les conditions d’accès au Fonds Énergie soient mieux connues de la population.
Enfin, je conclurai en attirant l’attention sur la gestion du patrimoine au sein du CPAS.
En ce qui concerne le patrimoine foncier, nous demandons que lors des ventes , une priorité soit donnée aux jeunes agriculteurs qui travaillent en circuits courts ainsi qu’aux projets d’agriculture bio/écoresponsable en priorité lorsqu’il s’agit de terres situées dans l’arrondissement de Liège. Les récents contact avec l’ASBL Terre en Vue nous semble aller dans le bon sens. Nous y restons très attentifs car il s’agit selon nous d’un levier dont dispose le CPAS pour agir en faveur de plus d’autonomie alimentaire en région légeoise.
Nous espérons que nos propositions contribueront à faire évoluer les politiques sociales en faveur d’un mieux être pour toutes les Liégeoises et les Liégeois.
Mesdames, Messieurs, nous vous remercions de votre attention
Martine Grooten, Matthieu Content et André Verjans, conseiller.e.s à l’Action sociale pour le Groupe Vert Ardent
Intervention au Conseil Commun Ville-CPAS du 21 décembre 2021