Monsieur le bourgmestre,

En pleine crise du coronavirus et alors que nous avons d’autres priorités, l’opérateur Proximus vient d’annoncer le déploiement de la technologie dite « 5G » dans près de 30 communes belges sans préciser lesquelles.

En tant qu’élus, nous trouvons cette annonce démocratiquement problématique car d’une part toute notre attention est portée sur un autre combat en ce moment, et d’autre part la décision de Proximus (entreprise encore en partie publique) n’a pas fait l’objet d’un débat démocratique. En tant qu’ingénieur physicien et chercheur pour l’un, et en tant que médecin pour l’autre, nous la trouvons scientifiquement questionnable.

À l’heure actuelle, la technologie 5G soulève en effet des questions majeures dans la communauté scientifique.

Il existe aujourd’hui des preuves scientifiques indiquant que les champs électromagnétiques de radiofréquences utilisées par les techniques de communication sans fil déjà déployées (2G, 3G et 4G), ne sont pas sans conséquence sur les êtres vivants.

Plus de 1 500 études scientifiques évaluées par des pairs rassemblent notamment des données cliniques et des preuves expérimentales de dommages à l’ADN, aux cellules et aux organes d’une grande variété de végétaux et d’animaux. Des données épidémiologiques étayent la thèse selon laquelle l’origine de beaucoup de maladies de la civilisation moderne, comme le cancer et la maladie d’Alzheimer, trouvent, au moins en partie, leur origine dans la pollution électromagnétique.

Pour la mise en oeuvre de la technologie 5G et atteindre jusqu’à un million d’objets connectés au kilomètre carré, l’industrie prévoit l’installation de millions d’antennes 5G. Dans un milieu urbain comme Liège, cela signifie une antenne tous les 50 à 150 mètres.

Sans même aborder la question des conséquences écologiques et sanitaires du déploiement des milliers de satellites nécessaires afin de permettre l’extension de cette technologie, installer la 5G va signifier une exposition permanente accrue à des radiations RF artificielles. Or, à ce jour, aucune évaluation sérieuse et indépendante des impacts sanitaires et environnementaux de la 5G n’a été réalisée. Son déploiement relève donc d’une expérimentation à grande échelle sur les êtres vivants au mépris du plus élémentaire principe de précaution.

Monsieur le bourgmestre, chercheur ou médecin de terrain, nous ne sommes pas « technophobes ». Nous avons conscience que la technologie peut être source de progrès. Par contre, et la crise que nous traversons le rappelle, nous pensons qu’il convient de ré-imbriquer nos choix économiques dans une logique qui place au premier plan la santé et le bien-être de nos concitoyens. C’est pourquoi il convient de refuser une fuite en avant technologique irréfléchie, ce que constituerait l’installation de la 5G à ce stade de nos connaissances scientifiques sur ses impacts sanitaires.

Nos questions sont dès lors les suivantes:

  • Savez-vous si Liège fait partie de 30 communes pilotes choisies par Proximus pour l’introduction de la 5G ?
  • Le cas échéant, notre commune dispose-t-elle de la possibilité d’interdire le déploiement de cette technologie sur son territoire (par exemple sur base des normes d’exposition établies au niveau régional) ?
  • Et si c’est le cas, compte-t-elle s’en saisir au nom du principe de précaution tant que l’innocuité de cette technologie n’a pas été démontrée ?
  • De manière plus globale, notre commune pourrait-elle prendre une position de principe contre cette technologie ?

La volonté de ne pas rater un « coche » technologique conduit trop souvent à faire fi du principe de précaution. Si Liège compte s’inscrire à l’avenir dans une logique de ville en transition, il est temps de sortir de cette logique.

Bien à vous,

Véronique Dembour et Pierre Eyben, pour Vert Ardent

Question écrite du 1er Avril 2020

 

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