Monsieur le Bourgmestre,

Lors de la manifestation annuelle contre l’existence du centre fermé de Vottem, et alors que nous écoutions le discours du président des « Territoires de la Mémoire » au niveau de l’enclos de fusillés, nous avons eu la désagréable surprise de constater que nous étions survolés et filmés (à haute altitude) par un drône de la police.

Une imposante présence de policiers en civil est habituelle lors de cette manifestation (ce que nous regrettons déjà) mais ce recours en sus à un drone de vidéosurveillance est à notre connaissance relativement nouveau, et assez choquant.

La police dispose de moyens de documenter ses interventions si des débordements devaient se produire, notamment avec les body-cams.  Mais il n’y avait ici aucun risque de cette nature. Il s’agissait d’une manifestation pacifiste, en présence de nombreux enfants, organisée par diverses organisations implantées à Liège, et portant une revendication très légitime : le fait de refuser l’enfermement d’êtres humains qui tentent de fuir la misère.

Nous avons été filmés alors que nous écoutions, dans un lieu marqué par l’histoire, un discours sur les risques liés à la montée de la xénophobie. En conséquence, la présence de ce drône filmant « préventivement » tous les manifestants est à nos yeux, tout à la fois inutile, et inacceptable en démocratie. Cela constitue en effet un acte d’intimidation et une atteinte à notre liberté d’expression dès lors que nous ne connaissons pas l’usage fait de ces images. Rappelons, par exemple, que la police belge a déjà fait illégalement usage de systèmes de reconnaissance faciale à deux reprises selon la Ligue des Droits Humains.

Monsieur le bourgmestre, nos questions sont les suivantes :

  • Pourriez-vous nous confirmer que la police fédérale fait désormais usage de drônes lors de manifestations (autorisées) sur le territoire de la Ville ?
  • Avez-vous connaissance de l’usage fait des images prises par ces drônes ?
  • Pourriez-vous nous préciser votre sentiment sur cette pratique ?
  • Pourriez-vous nous signaler si vous disposez des prérogatives afin de l’interdire ?

En vous remerciant par avance pour les réponses que ne manquerez pas d’apporter à ces questions,

Pierre Eyben, Caroline Saal et Guy Krettels pour Vert Ardent

Question écrite pour le Conseil Communal du 30 mai 2022

 

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