Ce soir, il nous est proposé de ratifier deux dépenses :
- Point 52, on RATIFIE la décision du Collège communal du 22 janvier 2021 autorisant le dépassement des crédits provisoires pour l’engagement de la somme de 192.951,20 EUR, essentiellement pour 400 licences Dynamics 365 For Team Members et 40 licences Dynamics Plan.
- Point 55, on RATIFIE la décision du Collège communal du 29 janvier 2021 autorisant le dépassement des crédits provisoires pour l’engagement de la somme de 41.652,56 EUR au nom de « Microsoft NV » pour des services relatifs à l’optimisation de l’utilisation des produits Microsoft.
Dit un peu platement, ce sont donc plus de 234.000 euros d’argent public pour Microsoft. Ce n’est pas rien. Microsoft, c’est un géant américain, dont les dernières années ont montré qu’il était comme d’autres géants de l’informatique (Apple, Google et autres Facebook) aussi un géant de l’évasion fiscale faisant des milliards d’euros de bénéfices en Europe sans s’acquitter de son dû, et sans beaucoup de contrepartie sur l’emploi puisque situé hors europe pour l’essentiel. Et je n’aborde même pas la question de l’espionnage des données via ces logiciels par des états en guerre commerciale comme cela est désormais avéré.
Cette période particulière que nous vivons rappelle combien le numérique s’impose désormais à tous, pour le meilleur comme pour le pire. Que ce soit dans notre quotidien, dans l’exercice professionnel, ou dans la vie communale comme ici, nul n’échappe à l’informatique.
Avec ces outils, il faut avouer que de plus en plus de possibilités et d’usages s’offrent à nous. Mais du coup nous pensons avec Vert Ardent que c’est aussi le moment de remettre sur la table la réflexion sur quel informatique nous voulons. Parce que choisir Microsoft plutôt que des logiciels libres, c’est le plus facile sans doute mais cela a des conséquences concrètes sur la société dans laquelle nous vivons… et sur les finances communales comme on le voit ici.
En Wallonie, en 2012, le ministre de Pouvoir Locaux, Paul Furlan, a décidé de développer des logiciels communaux basés sur le logiciel libre. C’était la naissance de l’intercommunale IMIO chargée de réunir des solutions libres qui sont aujourd’hui mutualisées entre toutes les communes wallonnes. Nous, CC, connaissons bien ces applications de back office, chargées de la gestion des conseils communaux, des permis d’urbanisme et des guichets citoyens. Mais dès qu’on quitte ces développements (très) spécifiques, Microsoft revient au galop. Et c’est dommage parce que des alternatives en logiciels libres existent aussi.
La ville de Rennes qui est pionnière sur le sujet a par exemple économisé 500.000 euros en abandonnant Outlook au profit de l’équivalent libre dénommé Zimbra. Des outils pour les visioconférences existent aussi comme JITSI.
Notre ville a besoin d’outils informatiques pour fonctionner. Mais pas forcément de ceux-là. Nous allons donc nous abstenir sur ces deux points. Et nous aimerions que le Collège puisse mettre en place un groupe de travail pour étudier un passage progressif à des solutions en logiciel libre pour remplacer les outils Microsoft. Nous proposons aussi que nous puissions porter cette réflexion au sein de l’intercommunale IMIO.
Alors que l’industrie logicielle essentiellement américaine des GAFA délocalise et élude l’impôt, le logiciel libre, en tant qu’économie de service, développe l’activité de proximité, nationale ou européenne. Le continent européen est d’ailleurs considéré comme un acteur majeur du développement du logiciel libre. Les villes, notre ville, ont à jouer un rôle pour permettre cette reprise en main citoyenne de nos outils informatiques.
Je vous remercie.
Intervention de Pierre Eyben pour le groupe Vert Ardent