J’aimerais d’abord souhaiter la bienvenue à Monsieur Demelenne, le nouveau Chef de Corps de notre Zone, qui assiste pour la première fois au débat et au vote du budget de sa police. Nous souhaitons établir avec lui des relations aussi cordiales que celles que nous avons eues avec son prédécesseur Christian Beaupère, que nous saluons !

Des bonnes relations impliquent des échanges ouverts, de la loyauté et du soutien chaque fois qu’il y a besoin. Mais elles impliquent également de la franchise et la possibilité d’exprimer des éventuels désaccords, et ce de manière constructive, comme il est de notre habitude.

J’ai parlé de loyauté et de soutien : oui, car être policier est un métier difficile, dangereux, dans un monde de plus en plus agressif. Les agents subissent trop souvent des insultes, provocations, et se trouvent souvent face à des situations traumatiques (meurtres, viols, blessures graves, violences intrafamiliales…)

D’où le nombre important de maladies professionnelles, et sans doute les difficultés de recruter. Que les policiers soient certains de notre soutien à chaque fois qu’il s’agit de les équiper correctement et défendre leurs conditions de travail.

La question des effectifs. Le budget prévoit 1027 ETP policiers (en plus des 79 Calogs cette année, soit plus qu’en 2022 (1008), mais moins qu’en 2021… et encore à une distance significative des 1045 annoncés comme l’objectif nécessaire prévu pour 2024.

On sait que cet objectif est difficile à atteindre, surtout en ce qui concerne certaines fonctions (inspecteurs principaux…). Le climat parfois violent dans une grande Ville comme Liège peut être dissuasif, et contribuer à des burn-out, et -heureusement de manière exceptionnelle !- à des dérapages comme ces images sidérantes, filmées par une bodycam oubliée, de 8 policiers liégeois qui s’acharnent durant de longues minutes, physiquement et verbalement, contre un jeune, menotté et apparemment atteint de déficience mentale. De tels comportements -je le répète, heureusement exceptionnels,- sont inacceptables, elles atteignent l’honneur de tous les policiers qui n’ont rien à se reprocher, et doivent bien sûr être suivis des sanctions qui s’imposent. Mais de telles violences reflètent probablement un stress, un trop-plein, une fatigue, qui nécessitent le renforcement de dispositifs d’aide psychologique, de dispositifs de supervision et de formations.

La police belge, et en particulier liégeoise, n’est pas la police française dont les comportements lors de manifestations sont parfois choquants. Nous voulons une police irréprochable, démocratique proche des citoyens et au service de ceux-ci. Permettez-moi, Monsieur le Chef de Corps, de vous citer : « Je souhaite une police connectée à sa population, il faut profiter de chaque opportunité pour aller au contact des gens pour les aider. C’est cette attitude de service qui doit primer et c’est la base de nos valeurs «(La Meuse 12 décembre)

Une police à l’écoute respectueuse des citoyens renforcera le respect de ceux-ci en retour !

Dans le même souci de rapprochement avec les citoyens, nous pensons qu’il serait utile de veiller à recruter davantage de jeunes policiers issus de Liège mais aussi de l’immigration.

Il s’agit d’une part que la police soit à l’image de la population dans sa diversité. Et d’autre part nous pensons que des policiers issus des quartiers liégeois auront une très bonne connaissance des réalités du terrain et de la population. Ils auront plus de facilité à créer des liens avec celle-ci. Moins de décalage c’est moins d’inconnues et de stress pour ces policiers.

Une police à l’image de la population c’est un facteur de reconnaissance, d’identification et de bonnes relations

Monsieur le Bourgmestre, monsieur le Chef de Corps,

Le groupe Vert Ardent a une demande : que comme par le passé nous puissions avoir chaque année une séance de Conseil de Police dédiée à discuter des perspectives et priorités de la police.

Les bilans de l’année écoulée, mais aussi des enquêtes comme « Elise » comme les échos qui nous reviennent des citoyens méritent de prendre ensemble le temps d’une matinée par an pour réfléchir ensemble aux priorités.

Nous avons ce lundi déjà parlé un peu des priorités des Liégeois, telles que signalées par la récente enquête, en particulier en ce qui concerne la sécurité routière qui pose beaucoup de stress et de peur du danger aux piétons et cyclistes liégeois : je pense en particulier au stationnement gênant (22300 PV en 2022), vitesses excessives (20064!). Ces chiffres sont déjà impressionnants, mais semblent hélas pas encore suffisamment sévères pour dissuader ces comportements dangereux ! Il faut donc poursuivre et renforcer ces interventions. Nous avons parlé des 6 nouveaux radars (et 12 poteaux à Liège). Dommage que la rue Ste Marguerite/ rue St Séverin ne soit pas parmi les axes pressentis, car on y assiste souvent à des descentes infernales !

La saleté et les dépôts clandestins font également partie des préoccupations des Liégeois : Pourquoi ne pas s’inspirer de l’exemple de Seraing qui avec une brigade de policiers effectue des opérations flagrant délit dans des endroits de dépôt sauvage récurrents. Elle a pu ainsi mettre la main sur 135 pollueurs

A noter que le coût pour nettoyer ces dépôts a été chiffré préalablement à 2,4 millions par an ! Peut- on connaître le coût pour Liège et s’inspirer de l’exemple Serésien?)

Venons en aux caméras : Avec les -environ- 200 caméras qui seront placées sur la ligne du tram, et qui ne seront pas à charge ni propriété de la Ville, nous approchons, à marche forcée, vers un total de 500 caméras sur notre territoire. 250 Ville en fin d’année, 200 tram et une quinzaine pour le TEC. Se pose la question de la mise en réseau, voir du double emploi de ces trois ensemble de caméras ! Certes elles n’ont pas toutes les mêmes fonctions, mais il n’empêche qu’une analyse pour éviter les doublures et favoriser le réseautage et le respect de la vie privée de tout cela sera nécessaire.

Dans le budget 2023, (ordinaire et extraordinaire) un total de 861000 euros sont budgétisées pour les caméras Ville ! Et cela sans compter les coûts du personnel qui travaillent à l’Hôtel de Police dans la salle des caméras ! Le cheptel de caméras augmentant chaque année, on ne voit pas de limite à cette explosion du nombre et du coût de ce dispositif.

Plus grave : on s’habitue et on banalise cette omniprésence des caméras. Tout est mis en place pour le pire, si un jour une gouvernance autoritaire, moins respectueuse des libertés citoyennes, se trouvait au pouvoir. Ce jour là le « Big Brother is watching you » de George Orwell sera quasi réalité, et nous y aurons collaboré !

D’où notre question : allez-vous continuer ainsi, au gré de propositions des une et des autres, augmenter allègrement ce dispositif partout, quelque soit le prix et la menace potentielle qu’à terme il représente. Où est la limite ? Combien d’emplois de policiers en présence sur le terrain sont sacrifiés au bénéfice de cette inflation sans limite des caméras ? Des yeux, des bras, des mots nous paraissent être un besoin essentiel dans cette société qui se déshumanise en même temps qu’elle se numérise.

2 Points rapides : Vous connaissez notre opposition au règlement mendicité, contraire à l’esprit de la Loi et donc liberticide et de surcroît inapplicable ! Nous pensons que ce n’est pas le rôle de la police de contrôler, fouiller, arrêter des mendiants qui se comportent correctement. Je doute qu’ils apprécient de devoir essayer d’appliquer un règlement inapplicable. C’est aux travailleurs sociaux d’accompagner et d’aider ces personnes qui sans embêter le passant doivent mendier pour subvenir à leurs besoins. A problème social, réponse sociale.

Nous demandons bien sûr aussi que la Police continue dans ses priorités à veiller à la sécurité et la protection des femmes en rue, dans les activités festives. Et bien sur qu’elle fasse son possible pour faire face au nombre terrible de violences intrafamiliales (1130 faits de violence connus les 9 premiers mois de 2022)

Pour conclure cette intervention, j’aimerais m’attarder un instant sur le chiffre frappant déjà évoqué par mes amis Matthieu Content et Caroline Saal : la dotation de la Ville augmente de 11,7 millions ! Soit à peu près 16% de plus qu’en 2022. Cette augmentation impressionnante est en bonne partie justifiée : Bien sûr, les charges salariales et l’augmentation des effectifs, bien sûr les surcoûts énergétiques… mais aussi les caméras…

MAIS une comparaison s’impose : la dotation du CPAS n’augmente de 2,4 % soit bien moins que l’inflation, alors que les besoins en personnel, la fatigue et le stress de celui-ci, le coût des salaires et de l’énergie, et surtout augmentation des RIS (seulement partiellement remboursé par le Fédéral) sont énormes. L’habitude prise ces dernières années était d’augmenter du même pourcentage ces 2 dotations.

Pour nous, la sécurité physique des citoyens (rôle de la police), ainsi que la solidarité et respect de la dignité humaine (rôle du CPAS), sont les deux jambes qui doivent assurer la bonne santé d’un même corps social. Elles doivent donc avancer de pair pour garantir sérénité et dignité à toutes les Liégeoises et Liégeois.

Guy Krettels pour le groupe Vert Ardent

Intervention au conseil communal relatif aux budgets 2023

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