Ce lundi 4 février, le collège communal a présenté sa déclaration de politique communale pour les six années à venir.
Voici l’interpellation de Guy Kretels à ce sujet (voir la vidéo).

2 sujets : L’absence d’une politique de la Santé et réponse à la demande du Bourgmestre en faveur d’un consensus sur fin du sans-abrisme à Liège

 

A) L’absence choquante d’un Echevinat, et surtout d’une politique de la Santé !

Petit rappel

Entre 2006 et 2012 le Collège incluait un échevin de la Santé (B.Drèze) qui sans disposer de beaucoup de moyens réalisait quelques petits projets de prévention , soutenait via un appel à projets l’action de quelques associations liégeoises, et faisait fonctionner une CCC Santé.

En 2012, sous l’égide de l’échevin Mr Chamas, l’appel à projets ainsi que la CCC Santé ont disparu, et l’action de l’échevin de la Santé s’exerçait via une asbl ‘Liège Santé , royalement dotée de 62000 euros/an. Bilan de cette asbl : un cycle de conférences sur la Santé, la promotion et diffusion de défibrilateurs (notamment via la Police, l’asbl Liège Sport..), un Salon Santé le temps d’un petit WE sur le Tivoli, et…quelques dépliants et gadgets à distribuer

Tout ça n’est évidemment pas à jeter, mais ne fait pas une « Politique de la Santé ».

Avec la suppression d’un Echevinat de la Santé, ce sera à fortiori le cas

Or, les études montrent que l’état de santé des personnes dans nos villes est déterminé pour environ 50% par l’environnement social, économique et culturel (contre 15% par exemple seulement par la génétique)

Cela veut dire que les pollutions (de l’air et sonores), l’alimentation, l’état des logements, le stress, la solitude (50% des ménages liégeois sont monos), les conditions de travail,… sont évidemment directement responsables de notre état de santé. Il faut particulièrement attirer ici l’attention sur la dégradation de l’état de santé psychologique et mental d’un nombre important de nos concitoyens, dû à la misère, la solitude, le burn out, le sans abrisme, la toxicomanie….

Ces mêmes études sur les déterminants de la santé montrent également que les difficultés d’accès aux soins de santé sont pour 15 à 20 % responsables des problèmes de santé des gens !! C’est en particulier la  1ère ligne qui est complètement débordée.

Il faut entendre les travailleurs des Maisons médicales (pas loin de 20000 patients sur Liège) pour se rendre compte  du nombre et de la détresse de toutes ces personnes désaffiliées au niveau administratif, incapables d’affronter le coût des consultations ou soins, paumés, déprimées….et qui leur sont envoyés par divers services sociaux. L’insuffisance de la prem ière ligne, mais aussi les liens entre la 1ere et la 2è ligne (les hôpitaux), ainsi que la difficulté d’avoir des rdv chez des spécialistes en hôpital…sont énormes.

C’est pour ces raisons : transversalité des raisons qui rendent malade, et problèmes criants d’accès aux soins de santé qu’il faut une politique communale transversale de la sante incluant les dimensions telles que les soins à domicile, le sport pour tous, l’accès à une alimentation saine, l’éducation à la santé….)

Et pour promouvoir une telle politique il faut un pilote, à savoir un.e échevin.e en charge de cet enjeu essentiel

Cet Echevin devra selon nous se faire entourer par un Conseil de la Santé pour disposer de l’expertise des principaux acteurs liégeois de la santé (médecins, hopitaux, maisons médicales, Mutuelles..)

Le rôle de cet Echevin.e :

-établir un « diagnostic » : çàd dégager les principaux facteurs nuisibles à la santé des Liégeois.es et définir des priorités d’action

-coordonner et donner des impulsions à l’action des différents échevinats en faveur de la santé de nos concitoyens

– veiller à l’existence et au bon fonctionnement des dispositifs d’accès indispensables

– initier des actes/actions  à forte dimension novatrice et symbolique . Exemple :  la Journée sans viande, « ville sans pesticides », des espaces verts proches et bien équipés en dispositifs de sport pour tous, …

A défaut de ce pilotage politique, d’un Conseil (ou CCC) Santé, et d’un budget conséquent, nous considérons l’attitude du Collège à l’égard de la santé des Liégeoises et des Liégeois comme irresponsable. 

 

B) Le Sans Abrisme : Oui à un consensus vraiment volontariste !

Sans vouloir développer une analyse exhaustive de la problématique du sans-abrisme et des moyens pour mettre fin à cette souffrance, je me limite à mettre le doigt sur un chaînon manquant et essentiel dans la logique exposée par le Collège pour éviter que des personnes soient réduites à devoir dormir dehors :

Vous annoncez l’ouverture d’un Abri de nuit supplémentaire, pour le dépannage en urgence des SDF, et par ailleurs le renforcement de Housing First pour la réinsertion par le relogement.

Le problème, et vous le savez, c’est :

  -qu’il faudra pas mal de temps et d’argent pour pouvoir porposer à toutes les personnes dans la rue une solution de type Housing First, « Propriétaires solidaires » ou autres accès à un chez soi décent et durable,

   -et que pour un nombre significatif de personnes Sans Abris, les Abris de Nuit ne sont pas une solution acceptable pour différentes raisons : dortoirs sans intimité, et inadaptés à des gens en couple, ; pas d’accueil pour les chiens, addiction forte à des produits (drogue, alccol), horaires considérés comme trop contraignants, sentiment d’insécurité, la fameuse tournante (nombre limité de nuits), difficulté de trouver le sommeil(ronflements….)

Vous savez aussi que nous sommes opposés  à l’ordonnance qui permet au bourgmestre lors d’une période de grand froid de donner l’ordre aux policiers d’amener les récalcitrants par la force.

Or la rue tue en toutes saisons, et ceux qui refusent d’aller dans les Abris de nuit, pour les raisons que je viens d’évoquer, iront se cacher, ou camper plus loin.
Ce qui manque donc c’est le chaînon manquant qui serait un hébergement certes transitoire, et modeste mais qui puisse garantir à chacun.e, seul ou en couple, avec ou sans animal domestique, éventuellement dépendant d’un produit,…un minimum d’intimité, de liberté, d’accompagnement, et de sécurité. Une sorte d’Abri de nuit nouvelle génération  ou d’ »Hôtel social » comme il en existe ailleurs.

Les Maisons d’Accueil (genre Sans Logis) constituent une autre alternative intermédiaire, et manquent de place. Elles  mériteraient également un soutien renforcé

Faute d’offre acceptable pour les personnes qui refusent l’offre des actuels Abris de Nuit, et/ou ne sont pas prêts pour une solution plus stable, et faute de places suffisantes via Housing First, l’absence de tels dispositifs proposant un petit chez-soi  provisoire, dignes, sécurisé, rendra impossible la fin du sans abrisme que vous dites appeler de vos voeux

Guy Krettels

Conseiller communal Vert Ardent

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