Ce lundi 4 février, le collège communal a présenté sa déclaration de politique communale pour les six années à venir.
Voici l’interpellation de Laura Goffart à ce sujet (voir la vidéo).

Madame l’Échevine,

Mon intervention porte sur les projets de la majorité en matière de bien-être animal. Je vais commencer par revenir sur quelques éléments repris dans la déclaration de politique communale dans ce domaine avant d’évoquer une série de choses qui auraient dû y figurer.

Le premier point que je voudrais aborder concerne le vétérinaire référent de la ville. À lire cette déclaration de politique communale, j’ai l’impression que la charge de travail sur ses épaules sera immense. Bien que je salue l’initiative, je pense qu’il faudra clarifier toute une série d’éléments à son sujet 

L’accent mis sur l’accessibilité et la création de parcs canins est extrêmement positif et nous suivrons bien évidemment ces dossiers avec attention.

Je suis par contre plus réservée sur la Journée de l’animal et la campagne NAC prévues dans cette déclaration de politique communale. Comme dans beaucoup de domaines de la politique en matière de bien-être animal, j’ai malheureusement l’impression que seuls les animaux domestiques seront pris en considération. Qui dit « concours canins », dit souvent « élevages » et, vu le nombre de chiens abandonnés ou en refuges, il ne me semble pas opportun de soutenir ce genre de pratiques. Il faudrait en outre prêter une (plus) grande attention à la sensibilisation.

Pour terminer ce volet d’analyse de vos projets, j’aimerais évoquer le Conseil du bien-être animal que vous proposez. Là encore, l’initiative est belle mais elle pose plusieurs questions. La déclaration de politique communale indique que ce conseil du bien-être animal permettra je cite « d’écouter et recevoir les associations ». Plus que les écouter, il est nécessaire de travailler main dans le main avec elles. Chaque jour, environ 165 animaux sont abandonnés. Le rôle de ces associations est donc de la première importance. Elles méritent un rôle de partenaire privilégié et plus en avant que celui des organisateurs d’expositions canines.

J’aimerais ensuite passer en revue quelques éléments qui auraient dû figurer dans cette déclaration de politique communale, à mon sens. Si je le fais aujourd’hui, c’est parce que j’estime que cela peut faire avancer non seulement le débat, mais aussi et surtout la cause animale.

J’aimerais d’abord attirer votre attention sur quelques éléments considérés comme appartenant au folklore et qui, malheureusement, portent atteinte au bien-être des animaux. Bien que vous vous soyez prononcée en faveur de feux d’artifice silencieux en 2012 madame l’échevine, la déclaration de politique communale ne comporte aucun élément en ce sens. Il faudrait y réfléchir, vu tous les désagréments qu’ils causent pour les animaux (peur, malaise…). Ensuite, il faudrait veiller à l’application précoce du Code du bien-être animal wallon qui interdit la présence de poneys sur les manèges de foire dès 2023. Malgré la non-reconduction du contrat des manèges de chevaux sur la foire, des poneys se sont encore retrouvés en plein été et en pleine chaleur à faire des rondes bien éloignées de leur comportement naturel. Cette pratique d’un autre temps n’a plus sa place dans notre société aujourd’hui.

Un autre sujet qui mérite notre attention à tous est celui des dommages collatéraux que peut entraîner la possession d’un animal, notamment pour les publics les plus précarisés. De nombreux locataires sont aujourd’hui refusés parce qu’ils possèdent des animaux, dans le privé mais aussi dans les logements du CPAS et de la ville. Ce problème mérite qu’on s’y attarde, tout comme celui de la gestion des animaux appartenant à des sans-abris lorsque ceux-ci se rendent dans des lieux d’accueil de jour et de nuit. Une piste de solution pourrait consister à créer des abris où ces animaux pourraient être acceptés pendant la période qui s’impose et y recevoir des soins. On pourrait également y abriter les animaux saisis lors d’une arrestation plutôt que de contraindre les propriétaires à payer la somme de 150auprès de la SRPA, souvent rédhibitoire pour les sans abris et les personnes les plus précarisées.

Venons-en désormais à la stérilisation. Dans une ville, une bonne politique de stérilisation s’impose. La ville a besoin d’une politique de stérilisation des chats ambitieuse, dans la mesure où les quartiers en sont remplis et qu’un seul couple de chats peut, en 5 ans, amener à la naissance de 5000 chats en tout. Liège fait partie des 4 communes de l’arrondissement qui va pouvoir bénéficier d’un subside pour la stérilisation des chats errants et il faut absolument que cet argent soit utilisé de manière intelligente. Je crois qu’il serait d’ailleurs intéressant de favoriser la mise sur pied d’un réseau d’infos entre bénévoles, associations et quartiers pour le sauvetage des chats errants. En plus de subsidier la stérilisation des chats, la Ville d’Anvers gère des abris pour ces animaux errants et les nourrit, ce qui évite les bagarres, destruction sacs poubelle, etc. Je pense qu’il serait bon de s’inspirer de cet exemple. En ce qui concerne les pigeons, il faudrait recourir à des méthodes douces et aux graines contraceptives par exemple, plutôt que de vouloir les chasser à tout prix avec des dispositifs d’éloignement.

Avant de passer à la conclusion de mon intervention, j’aimerais encore me pencher sur des considérations d’ordre plus général. Je pense d’abord que, au-delà de « bien-être animal », il faudrait également parler de « protection animale ». Je regrette ensuite que la déclaration de politique communale tourne presque exclusivement autour des animaux domestiques de loisir, sans consacrer une attention suffisante aux animaux sauvages, aux abandons, à la remise en question des élevages, etc. Pourtant, dans votre tube de l’été, vous clamiez haut et fort : “J’aime tous les animaux”. L’occasion est idéale de passer de la parole aux actes. Il importe en outre de consacrer suffisamment d’énergie et de moyens à la sensibilisation, dès le plus jeune âge d’ailleurs. Dans ce cadre, je suis également au regret de constater qu’aucune proposition n’est faite en matière d’alimentation, alors même que la sensibilisation au bien-être animal passe aussi par notre assiette. Les collectivités de la ville pourraient par exemple proposer une alternative végétale quotidiennement et une à deux journées exclusivement végétales par semaine, d’autant plus que les conséquences néfastes de la viande sur l’environnement et la santé ne sont plus à prouver. 

Pour conclure cette intervention, je tiens à saluer la présence d’un échevinat du bien-être animal même si je regrette quelque peu le manque d’ambition dont il souffre. Tout au long de la législature, j’espère qu’il sera possible de travailler tous ensemble, non seulement au sein du conseil communal mais aussi en étroite collaboration avec les associations de terrain, pour que les actions réalisées dépassent largement le cadre de cette déclaration de politique communale. Même si ce domaine peut parfois paraître comme le dernier des soucis de certains, il est primordial et concerne presque tout le monde : selon certaines statistiques en effet, 60% des ménages belges auraient un animal de compagnie. J’espère, madame l’Échevine, qu’avec toutes les compétences qui sont les vôtres, vous n’aurez pas trop d’autres chats à fouetter et que vous prendrez le temps d’y consacrer l’attention nécessaire.

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