Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les Echevins,

Encore trop d’étendues de béton, et encore trop d’arbres en mauvais état à Liège. L’enjeu de lutte et d’adaptation des villes au dérèglement climatique est de taille, et les arbres sont parmi nos meilleurs alliés pour une ville fraîche, respirable, à l’air pur, et agréable à vivre au quotidien, qui protège les habitants par canicules ou par fortes pluies.

Végétaliser la ville est un défi, d’autant plus qu’elle demande une transformation complète de la vision de l’arbre en ville elle-même. Attention aux symboles qui ne se suffisent pas. Certains insistent souvent sur le nombre d’arbres plantés, mais ce n’est qu’une partie de la réponse, surtout symbolique. Vert Ardent souhaite, lui, insister sur une vision, celle de l’arbre centenaire.

L’arbre n’est pas un mobilier urbain temporaire, qui se déplace comme un banc ou une poubelle. Or, aujourd’hui, c’est de cette politique que nous héritons en Europe, de l’arbre vu comme temporaire, placé à des endroits « pour faire joli » sans que le choix d’emplacement n’ait intégré la question de leur longévité et de la possibilité de respecter cette longévité. Pots et fosses trop petites y sont également des obstacles. C’est un vrai problème : un arbre peut vivre 50-100 ans, voire plus, quand l’espace urbain évolue tous les 15-20 ans. Quand la place des arbres n’est pas pensée comme telle, il faut parfois se résoudre à les abattre, et c’est déplorable.

C’est donc un véritable enjeu que de tenir compte de la réalité de vie des arbres dans l’aménagement des espaces publics. Nous payerons encore quelques années cette ancienne culture de l' »arbre mobilier urbain » et il est urgent de la changer pour construire durablement ces villes vertes que nous voulons.

Réfléchir à leur emplacement, c’est aussi leur donner les conditions de leur autonomie et de leur résilience. Car c’est aussi l’objectif : ne pas avoir besoin d’un arrosoir à côté de chaque arbre, ne pas avoir besoin d’entretenir plus ces arbres que ce qu’ils ne le seraient en pleine nature. C’est possible si on crée des « tiny forest » (petites forêts) ou des jardins de pluie qui combinent différents végétaux. Cela crée des écosystèmes dans lesquels la flore et la faune se « soutiennent ». Cela assure leurs bonne résistance et longévité face à des stress climatiques, comme les sécheresses, fortes pluies et canicules.

  • Comment cette vision de l’arbre centenaire est-elle intégrée dans les plans d’aménagement de la Ville ?
  • Des projets de jardins de pluie ou de tiny forest vont-ils voir le jour, en particulier dans les quartiers les plus bétonnés de Liège ?
  • La Ville va-t-elle disposer des moyens nécessaires pour déplacer des arbres lorsque l’aménagement le nécessite ?

En somme, Liège fait-elle un “bon usage des arbres”, pour reprendre l’appel du spécialiste du sujet, Francis Hallé ?

Nous vous remercions pour vos réponses,

Caroline Saal et Guy Krettels pour le groupe Vert Ardent

Interpellation soumise au conseil communal du 25 mars 2024

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