Monsieur le Bourgmestre,
Le 7 mai dernier, nous avons appris avec consternation que vous refusiez la demande du cortège de la Pride de la Transpédégouines (TPG), prévu de longue date, de défiler dans les rues de Liège. Cette décision, qui contredit les échanges préparatoires avec la police et les démarches administratives entamées dès le début de l’année 2025, interroge profondément. Entre-temps, suite à la mobilisation, vous avez autorisé cette manifestation précise tout en maintenant votre position pour toutes les futures manifestations.
La Pride de la TPG, porté par des bénévoles, est un moment fort, joyeux, familial et militant. Elle offre un espace d’expression rare pour les personnes queer à Liège, dans une ville qui, pourtant, se veut inclusive. Refuser ce cortège, c’est bien plus qu’interdire une marche : c’est nier un besoin de visibilité et d’appartenance. C’est à anticiper qu’autour du 17 mai, journée mondiale des fiertés et de lutte contre la LGTBQIA-phobie, des événements vont s’organiser dans notre ville, militante depuis longtemps pour le droit de chacune et chacun à vivre son identité.
Parmi les raisons évoquées pour le refus initial et futur : le manque d’effectifs policiers, l’interdiction des manifestations traversant le parcours du tram, ou encore des contraintes budgétaires. Mais ces arguments ne peuvent pas menacer l’importance du droit de manifester, un droit fondamental en Belgique. Faut-il rappeler qu’en démocratie, la liberté de se rassembler pacifiquement dans l’espace public est essentielle ? Si le budget ne permet plus de garantir ce droit, alors c’est notre système démocratique lui-même qui vacille.
Manifester, c’est se rendre visible, porter une parole politique, occuper la rue pour dire ce que d’autres institutions taisent. C’est l’un des piliers du contre-pouvoir, avec les médias, la justice et le syndicalisme. Si ces mobilisations, pourtant pacifiques et festives, deviennent invisibles, elles perdent leur portée. Et avec elles, c’est la possibilité d’un changement social qui s’éloigne.
Refuser ce cortège et d’autres à l’avenir, c’est fragiliser un espace d’expression déjà miné par les discriminations. C’est envoyer le message que certaines voix ne méritent pas d’être entendues.
Nous sommes inquiets que ces refus de manifester se multiplient. La démocratie ne se vit pas seulement dans les urnes, elle se défend aussi dans la rue. Il faut continuer à permettre l’expression de chacune et chacun dans l’espace public.
Ma question est la suivante :
- Quelles garanties comptez-vous offrir pour que les mobilisations puissent continuer à occuper l’espace public à Liège ?
Laura Goffart pour le groupe Vert Ardent
Interpellation soumise en vue du conseil communal du 26 mai 2025

