Madame l’Echevine, Monsieur l’Echevin,
Ce dimanche 23 mars avait lieu dans les rues de Liège la manifestation contre le racisme où près de 600 personnes ont participé.
Cette manifestation est un moment important pour rappeler que le racisme sévit chaque jour en Belgique. Je constate également, dans le climat ambiant avec la montée de l’extrême droite à travers le monde, que la banalisation de ce système de domination est un risque à bout portant pour l’ensemble des personnes racisées.
En 2024, près de deux dossiers pour cause de racisme ont été ouverts chaque jour par Unia. Il pose des obstacles supplémentaires dans tous les domaines de vie. Les répercussions du racisme systémique touchent la population dès le plus jeune âge avec la fréquentation des milieux d’accueil puis la scolarité.
La forme communément répandue est le racisme hostile. Toutefois il peut aussi être bienveillant ou invisibilisation et tout aussi stigmatisant.
En effet, il ne se limite pas à des propos lancés entre deux enfants. Ces comportements sont parfois le fait de parents et parfois même du personnel sous lesquels ils sont sous surveillance.
Le fait d’actualité de la semaine dernière à Bruxelles dans lequel une directrice de crèche est soupçonnée d’avoir occasionné des insultes, des menaces et des violences physiques à l’encontre d’enfants est loin d’être un cas isolé.
Un enfant, sans moyen de défense, en plein développement cognitif non abouti, peut non seulement subir avec une altération de son estime personnelle mais aussi une intériorisation de ce racisme qui laisse des séquelles psychologiques sur le long terme. En effet, quel enfant voudrait rester dans la peau de celui qui se fait humilier, harceler, persécuter par ses pairs et plus traumatisant encore par l’adulte dont il apprennent par mimétisme et qui fait figure d’autorité.
Une expérience faite avec des enfants a mis en evidence que face à une poupée noire et une poupée blanche, les enfants noirs choisissent en majorité la poupée blanche démontrant la faible estime que les enfants ont pour eux et la violence subie en étant noir.
Une étude d’UNIA a mis en avant que de nombreux conseils de classe avaient des pratiques racistes inconscientes. Unia en a sorti des recommandations. De son côté, la FWB a, elle, un plan de lutte contre le racisme.
Il est important que tous les enfants se sentent bien à l’école et dans les milieux d’accueil. Or combien de parents récupèrent leur enfants à la crèche en craignant qu’on ne l’ait laissé dans leurs excréments par négligence? Combien d’enfants, en maternelle et primaire, reviennent en pleurs à la maison suite à des violences verbales, physiques, ou se font stigmatiser quand ils sont en retard sur l’horaire ou lent à la lecture et l’écriture? Combien d’enfants de secondaire se font réorientés en dehors des filières de l’enseignement général déterminant ainsi leur avenir ?
Pour cela, il y a plusieurs leviers à activer au-delà de l’adaptation des programmes d’histoire, comme des moments prévus de formation avec les élèves, des formations pour le corps enseignant,…
Il est d’ailleurs important de rappeler que l’ensemble des élues et des élus du conseil communal de la Ville de Liège ont signé la charte contre le racisme. Et que les établissements communaux devraient être un exemple à suivre.
Voici nos questions :
- Quelles formations sont prévues dans les crèches et les écoles communales de Liège pour les enfants ? Et pour les enseignants ? Et le personnel communal qui fréquente les établissements ? Si elles ne le sont pas, pouvez-vous les prévoir rapidement ? • Pouvez-vous y prévoir des moments de sensibilisation?
- Pouvez-vous prévoir des accompagnements des victimes dans ces lieux? • Un travail avec les enseignants et les enfants des écoles sur la base de la charte communale contre le racisme pourrait-il être appliqué, tout comme la signature de la charte dans les écoles ?
Merci d’avance,
Sarah Tshinguta Mussenge, Laura Goffart et Pierre Eyben pour le groupe Vert Ardent
Interpellation soumise en vue du conseil communal 2025

