Madame l’Échevine,
Le 5 mars dernier, je vous interpellais au sujet du lancement de Journées du matrimoine à Liège. À Bruxelles, ces Journées ont déjà connu deux éditions grâce notamment au travail de l’ASBL « l’Architecture qui dégenre ». Vous avez répondu positivement à l’idée de lancer ces Journées à Liège. J’ai pu découvrir – via les communiqués de presse de la Ville et ce mardi 3 novembre par voie de presse – que ces Journées auront bel et bien lieu à Liège aussi. Si je me réjouis que ce soit le cas, j’aimerais tout de même vous poser des questions et émettre quelques réserves.
En effet, le site de la Ville précise que « La Ville de Liège travaille déjà au programme de cet événement, une première en Wallonie, avec ses services et les forces vives liégeoises. » La Ville n’a donc pas pris contact avec les forces qui ont permis l’émergence des Journées du matrimoine à Bruxelles, comme nous l’a d’ailleurs confirmé l’association « l’Architecture qui dégenre », et à regret.
Il serait en effet dommage de rester dans son coin et de ne pas mutualiser les forces autant que possible, d’autant plus que certaines associations disposent déjà d’une expérience et d’une expertise certaines en la matière. Face à un sujet qui a tant effacé les femmes en particulier, il nous semble important de s’entraider et de faire preuve de sororité.
Par ailleurs, la date proposée est le 8 mars. Le 8 mars est une date importante. Elle n’est pas la « Journée de la femme » comme beaucoup aiment le répéter, mais bien la « Journée de lutte pour les droits DES femmes ». Il nous semble important que cette journée garde son caractère de lutte et que l’on ne mélange pas tout ce jour-là pour le simple motif que cela concerne les femmes.
Les Journées du matrimoine auraient plus de sens si elles étaient organisées aux alentours des Journées du patrimoine en septembre. Il s’agit de se réapproprier des journées et concepts desquels nous sommes bien trop souvent effacées. Ensuite, le site de la Ville renseigne des femmes à mettre en avant. C’est une bonne première étape. Mais nous voudrions attirer votre attention sur le fait que ces femmes sont surtout représentantes d’une classe sociale bourgeoise ou des saintes.
Comme nous l’avons rappelé dans notre intervention sur l’odonymie, nous devons sortir de cette représentation des femmes et les représenter toutes autant qu’elles sont dans notre espace public. Les Journées du matrimoine doivent être des moments où nous parlons certes du passé, mais aussi des femmes actuelles qui font nos villes, des femmes militantes qui permettent une avancée dans notre espace public.
Face à toutes ces considérations, nous avons quelques questions :
- Qui sont les « forces vives liégeoises » évoquées sur le site de la Ville et dans la presse ? Quelles sont les associations ou acteurs spécialistes en matrimoine, en histoire des femmes ou en analyse féministe associées ?
- Il semble essentiel que des ponts puissent être jetés entre les mondes associatif et politique, surtout quand l’associatif a permis des avancées sur le sujet. De ce fait, pourriez-vous prendre contact avec les forces vives qui ont permis l’émergence des Journées du matrimoine à Bruxelles pour bénéficier de leur enthousiasme, savoir- faire et expérience, notamment l’ASBL « l’Architecture qui dégenre » ? Et éventuellement organiser une réunion ?
- Est-il prévu de faire perdurer cette initiative dans le temps et envisageriez-vous, à c’est-à-dire fin septembre comme le font Bruxelles et Paris, de manière à donner plus de poids et de visibilité à ce moment ?
Merci d’avance pour vos réponses.
Laura Goffart pour le groupe Vert Ardent
Question écrite du 05 novembre 2020