M. le Bourgmestre,

L’enquête publique relative à la réinstallation d’un parking adossé au musée de la Vie Wallonne en Hors Château vient de se clôturer. Au-delà des aspects techniques sur lesquels l’enquête portait, cette question écrite se veut plus fondamentale, en ce qu’elle interroge non pas le projet lui-même mais son bien fondé.

Le groupe Vert Ardent s’interroge sur la qualité de cette consultation réalisée pendant le confinement, sachant que les conditions n’étaient vraisemblablement pas réunies pour une prise d’information complète et sourcée – d’autres consultations de ce type ayant par ailleurs été reportées.

Comme vous l’avez souvent répété, un vaste ralentissement de la Ville et en particulier du centre-ville est « dans l’air » depuis des années, pour ne pas dire inscrit dans les astres, et fait nommément partie des objectifs de « Liège 2025 » (1). Féronstrée et Hors Château seront notablement impactés par le chantier du tram puis le remembrement du plan de circulation qui en sera la conséquence (2). Nous pensons à cet égard que donner en concession un parking à cet endroit est une mauvaise idée, car elle entérinera pour une génération entière la présence de véhicules non-essentiels dans la zone, hypothéquant toute évolution significative ultérieure (3) !

On sait que le Palais de Justice rend délicate une piétonnisation ferme et définitive de la zone, mais pourquoi poser nous-mêmes des difficultés aux générations futures, d’autant que la fonction actuelle du Palais des Princes-Évêques n’a pas par essence vocation à être définitive, avec le charroi sécurisé que cela entraîne (4) ?

Hors-Château est un boyau étroit, harmonieusement pavé (à grands frais), déjà largement pollué par les gaz d’échappements (5). Il n’a par ailleurs pas vocation à rester un égout à voitures pour l’éternité, souffrant d’une pollution endémique : nous vous invitons à rester plus de 5 minutes comme piéton à hauteur de l’école communale fondamentale (Impasse Hubart) à 8h du matin pour vous figurer la situation… Elle vient d’être cataloguée « Rue Scolaire » par la « Task Force » ce qui n’est pas étonnant sachant que pas moins de 9 établissements scolaires s’y trouvent, pour environ 5000 étudiant.e.s et enseignant.e.s… (6).

C’est un quartier hautement touristique avec une concentration de bâtiments classées, aux abords des Côteaux et de la Montagne de Bueren… pour lesquels la présence automobile (massive) est davantage un frein qu’un adjuvant, en ce compris les impacts négatifs sur la stabilité de bâtiments anciens (et classés pour certains) (7). À cet égard, on sait que les parkings de centre-Ville contreviennent globalement à une vision apaisée de la Ville qui est largement promue aujourd’hui, car pourquoi se rendre en tram au centre alors qu’un parking, de taille très réduite, est à disposition (8) ?

Qu’il faille – et c’est bien normal – respecter les conventions et contrats existants et que ces infrastructures, bien utilisées, puissent notamment servir à libérer la surface de véhicules devant stationner pour différentes raisons est une réalité, mais c’est à vrai dire un autre débat. Le susdit parking n’était plus en fonctionnement depuis des années… sans occasionner de gêne supplémentaire, il n’a « manqué » à personne durant sa fermeture (9) !

Les parkings présents à proximité (Saint Georges, Saint Lambert, Saint Denis) ne sont actuellement pas saturés, hormis quelques jours dans l’année (le premier week-end de juillet et la veille de Noël), mais ces saturations très ponctuelles appellent d’autres réponses qu’une offre superflue 360 jours par an (10) ! La Ville n’a-t-elle pas elle-même entamé une campagne invitant les usagers à « changer de mode », pourquoi soutenir et renforcer des solutions techniques « du passé » ? Nombre de ces considérations figurent en toutes lettres dans la DPC et figurent aux objectifs de « Liège 2025 » (11).

Voici, pour faire simple et sans prétendre à l’exhaustivité, pas moins de ONZE arguments de nature à ne pas autoriser et à tout le moins à surseoir à ce chantier au moins jusqu’à la mise en service du tram et ses conséquences concrètes sur le plan de circulation !

Nous nous inquiétons par ailleurs des nécessaires concertations avec les autres institutions de la zone, pour s’enquérir de leurs besoins précis : écoles riveraines, musée de la vie wallonne et autres institutions culturelles, HoReCa, TEC (via OTW), sans oublier les services de la Ville et la nouvelle « task force mobilité » dont la Ville s’enorgueillit s’être dotée récemment… Ceci questionne de ce fait la coordination entre les différents services communaux, ayants-droits, riverains et usagers avec une vue globale sur la zone !?

Pour finir, nos questions sont les suivantes :

  • Quels sont les contacts qui ont été pris pour concerter l’arrivée de cette nouvelle infrastructure, avec qui et pour quels résultats ? Nous ne doutons pas qu’une étude complète aie été réalisée, et quelles en sont les conclusions ?
  • A contrario du stationnement voiture, l’offre en stationnement sécurisé vélo manque actuellement cruellement dans l’ensemble du centre-Ville. Avez-vous envisagé la possibilité de créer un vaste parking vélos, utilisable tant par les riverains que par les usagers ? À titre de comparaison, le parking sécurisé des Guillemins est à saturation depuis des années et la très récente offre proposée par la Gestion Centre-Ville connaît un succès sans précédent, et sera lui-même vite saturé. Ce parking serait également situé à proximité de la Gare Saint Lambert… Ceci établit que la demande est forte et en croissance ininterrompue ! Ce parking vélo pourrait par ailleurs sans difficulté être complémenté de places PMR, riverains ou « services » (livraisons, visites à domicile, etc…), à même de satisfaire ces demandes légitimes.
  • Estimez-vous que cette enquête publique se soit déroulée de façon conforme ? A-t-elle bénéficié de la publicité nécessaire? Combien de personnes ont consulté le dossier à l’urbanisme ? Combien de réponses à l’enquête publique avez-vous reçues et qu’en ressort-il ?
  • Si ce parking devait malgré tout voir le jour, allez vous exiger que des emplacements vélo sécurisés y soient créés, à l’instar de l’initiative du parking Saint-Denis, dont vous vous vous êtes fait l’écho ?

Quentin le Bussy et Elena Chane-Alune pour Vert Ardent

Question écrite du 17 juin 2020

 

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