Vu la Déclaration universelle des Droits de l’homme (1948) ; le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (1966) ; la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne du Conseil de l’Europe et l’article 23 de la Constitution, qui garantissent le droit au logement ;
Vu l’article 2 du Code wallon sur le logement qui dispose que toutes les autorités publiques wallonnes « mettent en œuvre le droit à un logement décent » et que « leurs actions tendent à favoriser la cohésion sociale par la stimulation de la rénovation du patrimoine et par une diversification et un accroissement de l’offre de logements dans les noyaux d’habitat » ;
Vu le décret du 2 mai 2019 insérant la notion d’habitat léger dans le Code wallon du logement et de l’Habitat durable ;
Vu l’insertion de l’habitat léger dans le CoDT ;
Considérant le besoin de logement abordable sur le territoire de la Ville de Liège et l’émergence de l’habitat léger ;
Considérant que les habitats légers sont une réponse aux besoins de logement actuel ;
Considérant le travail associatif et des besoins sur le terrain afin d’insérer la reconnaissance de l’habitat léger dans le code wallon du logement et de l’Habitat durable ;
Considérant l’appel à projet de la SWL auprès des SLSP pour répondre à des besoins en logements via les habitats légers ;
Considérant que l’habitat léger répond à des besoins sociaux, économiques et environnementaux en matière de logement ;
Considérant que l’habitat léger est aussi une réponse aux besoins de logement dans les politiques de Housing First ;
Considérant que l’habitat léger répond à des évolutions sociétales et aux besoins d’adaptation aux vieillissements de la population ;
Considérant la flexibilité, la réduction de l’empreinte écologique, la revalorisation du cadre de vie et de solidarité auxquels répondent les habitats légers ;
Considérant la nécessité de prendre en compte et maîtriser la densification via des méthodes douces en prenant en compte la transition écologique ;
Considérant qu’il est nécessaire de poser un cadre durable et qualitatif au développement des habitats légers ;
Considérant qu’à ce jour la Ville de Liège refuse l’ensemble des projets privés ou associatifs qui lui sont soumis et qu’il faut permettre ce type d’habitat ;
Considérant la charte mise en place par la Ville de Mons afin d’autoriser et de réglementer la mise en place d’habitats légers sur son territoire ;
La Ville de Liège :
- Autorise la construction d’habitats légers de moins de 35m2 sur son territoire et en trace les contours ;
- Adopte le règlement relatif ;
Article 1. Localisation et accessibilité
Les habitats légers à usage de résidence principale doivent s’implanter dans des contextes géographiques permettant un accès facile et raisonnable aux biens, services et équipements collectifs de base (commerces, écoles, soins de santé, etc.).
Leur implantation devra favoriser les modes de déplacement doux – tels que la marche, le vélo ou l’usage des transports en commun – afin de limiter la dépendance à la voiture individuelle.
Par ailleurs, l’implantation d’habitat léger sera exclue des centres anciens, en raison de la forte densité bâtie, de la préservation du patrimoine architectural et des contraintes d’intégration urbaine qu’ils imposent.
En revanche, ce type d’habitat sera privilégié en première couronne de développement urbain, là où la transition entre tissu bâti et espaces naturels permet une intégration harmonieuse et d’apporter une réponse alternative et complémentaire aux objectifs de densification de cette zone stratégique.
Dans les couronnes d’urbanisation plus éloignées, une implantation pourra être envisagée au cas par cas, à condition que les caractéristiques locales – notamment l’accessibilité effective aux services de base – soient jugées suffisantes par l’autorité communale.
Article 2. Implantation
L’implantation de ces habitats légers peut prendre différentes formes. Trois approches répondant à des besoins variés, allant de l’indépendance individuelle à la vie en collectivité, peuvent être identifiées :
- En implantation isolée, il est installé seul sur un terrain, généralement au sein de
milieu plus naturel et moins densément habité, offrant autonomie, tranquillité et intimité à
ses occupants.
- En implantation en annexe à un autre bâtiment, l’habitat léger est placé à proximité
d’une habitation principale, servant alors de logement d’appoint pour accueillir des invités,
héberger un membre de la famille.
- Enfin, dans une implantation communautaire, plusieurs habitats légers sont regroupés sur
un même site, formant un quartier ou un village où les résidents partagent des espaces
communs, des services et des valeurs de vie durable et solidaire.
Ces différentes localisations nécessitent des clefs d’analyse différenciées au regard de leurs
spécificités.
En toutes hypothèses :
- L’implantation d’un ou de plusieurs habitats légers ne peut entraîner une modification substantielle du relief naturel du sol.
Le modelage du terrain, les remblais ou les déblais importants sont à proscrire.
Quelle que soit la configuration d’implantation retenue, le projet devra s’adapter au relief existant, qui ne doit pas être perçu comme une contrainte, mais comme une opportunité de conception.
L’intégration topographique devient ainsi un levier de qualité architecturale, paysagère et environnementale. L’habitat devra épouser les formes du site, en veillant à maintenir l’harmonie avec le cadre naturel et à préserver les éléments végétaux existants, dans une logique d’impact minimal et de réversibilité maximale.
- L’implantation d’un ou de plusieurs habitats légers ne peut entraîner une suppression substantielle de modification de la végétation existante sur la parcelle.
La préservation du couvert végétal constitue un principe fondamental dans l’intégration paysagère de ce type d’habitat.
Les arbres, haies, bosquets ou autres éléments de végétation naturelle doivent être considérés comme des composantes essentielles du site, à conserver et à valoriser autant
que possible.
Le système constructif des habitats légers privilégie une pose sur des fondations légères et amovibles telles que des pieux vissés permettant de ne pas imperméabiliser les sols et favorise la réversibilité de l’intervention.
L’abattage d’arbres matures, le remplacement systématique de la flore existante par des aménagements artificiels ou l’implantation qui supposerait une altération excessive de la structure végétale du terrain sont donc à éviter.
Lorsque des adaptations localisées s’avèrent nécessaires, elles devront être dûment justifiées et compensées par des mesures de replantation appropriées, de manière à maintenir ou renforcer la biodiversité du site.
L’habitat léger, par sa vocation même à avoir un impact réduit, doit s’inscrire dans une logique de cohabitation harmonieuse avec son environnement naturel immédiat, en tirant parti de la végétation existante comme élément de confort, d’ombrage, d’intimité et de qualité paysagère.
Particularités en cas d’implantation communautaire :
En cas d’implantation de plusieurs habitats légers sur un même site, qu’il s’agisse d’un regroupement à la géométrie plus régulière ou d’une disposition plus fluide et organique, l’enjeu central reste le même : favoriser la proximité entre les habitants, encourager la mutualisation des ressources et des espaces, et créer les conditions propices à l’émergence de relations sociales riches et durables.
Ces choix d’implantation doivent également permettre une insertion paysagère soignée, respectueuse des caractéristiques du site. La forme urbaine retenue ne peut en aucun cas compromettre la qualité du vivre ensemble ; elle doit, au contraire, en être le support actif et inspirant, en structurant des lieux partagés et en évitant la dispersion ou l’isolement des unités d’habitation.
Article 3. Réversibilité
Afin de respecter pleinement l’esprit nomade inhérent au concept de l’habitat léger, il convient d’opter pour un mode d’implantation léger et réversible.
Cette approche vise, d’une part, à maximiser les possibilités de remise en pristin état du site en cas de désinstallation, et d’autre part, d’optimiser la possibilité de déplacement ultérieur du logement, dans une logique de remploi.
Article 4. Intégration paysagère
L’intégration paysagère de l’habitat léger doit être soigneusement réfléchie en fonction des caractéristiques propres au site d’implantation, qu’il s’agisse de sa topographie, de sa végétation, de son orientation ou de la nature du bâti environnant.
Il convient de privilégier une implantation harmonieuse, qui s’insère naturellement dans le paysage en respectant ses lignes de force, qu’elles soient naturelles (reliefs, couverts végétaux, cours d’eau) ou construites (alignements, perspectives, rythmes architecturaux).
Article 5. Qualité architecturale
L’habitat léger, bien que de dimensions réduites, doit faire l’objet d’une véritable recherche architecturale. Il ne peut se contenter d’une solution standardisée.
Leur conception doit démontrer une attention portée aux matériaux, aux formes, à la cohérence avec le site d’implantation et à l’impact visuel global.
La Ville encourage dès lors les porteurs de projets à faire preuve de créativité, de rigueur et d’exigence dans la définition de leurs habitats légers, afin que ceux-ci s’inscrivent comme des exemples de bonnes pratiques, capables de nourrir un imaginaire collectif renouvelé autour de l’habitat léger et durable.
La conception devra apporter une plus-value esthétique et environnementale, tant par sa forme, sa matérialité que par son inscription dans le paysage.
Tous les matériaux de construction peuvent être admis pour la réalisation d’habitats légers, à condition que leur usage soit justifié par une démarche architecturale cohérente et originale.
Il appartient à l’auteur du projet de démontrer que les matériaux choisis ne relèvent pas d’un simple choix par défaut, mais s’inscrivent dans une réflexion plus large sur l’esthétique, la durabilité, la qualité constructive et l’intégration au site.
Article 6. Intégration des éléments techniques
Les habitats légers sont souvent équipés de dispositifs techniques spécifiques pour assurer leur autonomie ou leur confort (pompes à chaleur, systèmes de ventilation, climatiseurs, panneaux solaires, etc.). Toutefois, la visibilité excessive de ces équipements peut nuire à l’esthétique globale de l’habitat et à son intégration dans le site. La présente charte recommande ainsi que la conception architecturale de l’habitat léger anticipe et intègre ces éléments techniques de manière discrète. Il s’agit de privilégier des solutions qui permettent de les dissimuler partiellement ou totalement, sans en compromettre le bon fonctionnement. Par exemple, l’utilisation de coffrages intégrés, de casquettes, ou encore de panneaux coulissants peut permettre de masquer efficacement une unité technique extérieure tout en respectant le style architectural de l’habitat léger.
Lorsque la dissimulation totale n’est pas possible, l’accent doit être mis sur la réduction de leur impact visuel et sonore. Le choix de couleurs neutres, assorties aux teintes dominantes de l’habitat ou de son environnement, ou encore l’orientation stratégique des équipements (vers l’arrière ou en toiture discrète), participe à cette démarche. L’objectif est de ne pas rompre la lecture simple et épurée des formes, souvent caractéristique des habitats légers.
Cette exigence d’intégration technique ne relève pas uniquement d’une logique esthétique. Elle traduit aussi une volonté de respect du cadre de vie des riverains et de préservation des qualités paysagères des sites d’accueil.
Article 7. La terrasse, pièce de vie à part entière de l’habitation
La composante extérieure (notamment la terrasse) est considérée comme une pièce à part entière de l’habitation.
Elle doit être facilement déployable et utilisable, conçue comme un prolongement direct des espaces intérieurs, favorisant les usages quotidiens. Elle constitue un espace de transition essentiel entre l’habitation et son environnement naturel.
Toutefois, cet espace extérieur ne doit pas prendre le pas sur l’espace intérieur et conserver un esprit de sobriété. Dès lors, la présente charte propose que l’espace de terrasse ne soit pas supérieur à 1,5 fois la superficie occupée au sol par l’habitat léger.
Article 8. Une habitation minimale, pensée pour l’environnement
L’habitat léger est par essence une habitation minimale, conçue pour réduire son impact écologique. Il propose un lien direct entre l’espace habité et le site naturel, par une implantation en rez-de- jardin ou en pleine nature, dans le respect de la topographie. Il assure un accès de plain-pied, quelle que soit la déclivité du terrain, par des aménagements discrets et adaptés.
Les matériaux et la conception doivent être pensés en tenant compte des enjeux bio-climatiques : orientation, inertie thermique, ventilation naturelle, utilisation de ressources renouvelables, etc.
Article 9. Une habitation qui répond aux besoins sociaux
Les habitats légers seront aussi favorisés dans le cadre de projets avec les Sociétés de logements publics liégeoises et dans le cadre de projet Housing First.
Article 10. Normes de salubrité et obligations réglementaires
Même dans leur singularité, les habitats légers restent soumis aux normes de salubrité, de sécurité et d’habitabilité. Ils doivent offrir des conditions de vie dignes, salubres et respectueuses des droits fondamentaux de leurs occupants. Toute installation doit être conforme à la législation en vigueur, tant urbanistique que environnementale.
Outre les orientations et recommandations formulées dans la présente charte, il est important de rappeler que l’ensemble des réglementations en vigueur en Wallonie demeure pleinement applicable. À ce titre, toute implantation d’habitat léger doit respecter les dispositions du Code du Développement Territorial (CoDT), du Code wallon du Logement et de l’Habitat durable, ainsi que l’ensemble des prescriptions légales, réglementaires et techniques encadrant l’aménagement du territoire, la construction et l’habitat.
La charte ne se substitue en aucun cas à ces textes de référence, mais vise à en compléter
l’application en apportant un cadre local cohérent, adapté aux spécificités du territoire communal et aux enjeux particuliers liés à ce type d’habitat.
Laura Goffart et Pierre Eyben pour le groupe Vert Ardent
Proposition de règlement soumise en vue du conseil communal du 29 septembre 2025

