Deux semaines sont passées depuis le drame qui a touché notre Ville et sa région, et l’on mesure à peine l’ampleur des dégâts. La majorité communale PS-MR a mis en place une série de mesures. Un élan de solidarité citoyen extraordinaire a par ailleurs vu le jour (des centres autogérés nourris par des dons, des dizaines de milliers de repas servis chaque jour, des équipes bénévoles aidant au nettoyage dans tous les quartiers touchés…).

Fort de son expérience sur le terrain, au travers de ses mandataires et de ses militants, et alors que nous entrons dans une seconde phase cruciale, Vert Ardent formule aujourd’hui une série de propositions et en particulier :

  • Nommer un·e gestionnaire de crise ;
  • Améliorer la communication vers les sinistré.e.s et la coordination avec les initiatives associatives et individuelles ;
  • Amplifier l’utilisation de l’Agence Immobilière Sociale pour remettre sur le marché locatif les immeubles inoccupés ;
  • Réquisitionner certains bâtiments pour du logement collectif temporaire « en dur » ; 
  • Mettre à disposition des terrains équipés pour de l’habitat léger temporaire. 

Coordonner et communiquer mieux

Des personnes qui demeurent chez elles sans électricité ni internet et qui ne sont au courant ni des aides mises en place ni de leurs droits, de la nourriture amenée par la Croix-Rouge qui reste non distribuée faute de coordination avec les acteurs de terrain, une trop faible collaboration entre les initiatives associatives et les centres mis en place par la Ville, une trop faible coordination avec les communes voisines touchées, un numéro d’appel communal qui mène à des personnes non formées et qui ne peuvent répondre à des questions simples… les soucis que nous constatons sont nombreux.

La Ville, ses services, fait mais il manque clairement d’une bonne coordination et d’une communication claire sur le terrain.

Les structures et l’organigramme de l’administration communale, pensées pour et adaptées aux situations habituelles, normales et prévisibles, ne sont pas en mesure de faire face à la soudaineté et à l’ampleur inédites de la situation née des inondations. A priori, il n’y a de reproche à faire à personne : l’administration, par ailleurs déjà très largement éprouvée par la crise sanitaire, puis par un virus informatique n’est tout simplement pas faite pour cela.

Nous proposons que le Collège désigne sans délai un·e gestionnaire de crise (comme à Verviers) qui aura pour mandat, à court terme :

  • De constituer une cellule de crise qui aura pour but de mettre de la transversalité et de la coordination là où les services travaillent massivement aujourd’hui de manière cloisonnée ;
  • D’organiser la coordination entre les multiples initiatives d’aides (publiques mais également associatives ou individuelles) qui se sont mise en place dans l’extrême urgence et la bonne volonté ;
  • D’organiser une meilleure coordination supracommunale, en particulier avec les communes voisines ;
  • D’affecter le personnel communal qui se porte volontaire à des missions précises, détachées de leur place dans l’organigramme ou leur lieu de travail habituel. Ainsi, des stewards qui pourraient être affecté·es à un prioritaire inventaire des besoins ;
  • De faire appel à des organismes qui disposent de l’expertise pour travailler dans des situations d’urgence et savent comment mettre en place des infrastructures destinées à faire face aux besoins des personnes touchées ;
  • D’inventorier tous les soutiens que la Ville de Liège pourrait solliciter ainsi que les interventions et les expertises d’autres niveaux de pouvoir, voire des ONG disposant de ce genre d’expertise ;
  • De faire procéder, dans des délais courts et en proposant aux autres communes sinistrées de se joindre à la démarche, à l’étude juridique et de faisabilité de la réquisition de logements inoccupés ou d’infrastructures d’accueil possibles pour les personnes sinistrées (voir ci-dessous) ;
  • De créer un véritable call-center avec du personnel communal dédicacé et mieux informé ;
  • D’amplifier la communication via internet et les réseaux sociaux, mais également en format papier (de nombreux Liégeois.es sinistrés n’ont simplement plus internet) au cœur des quartiers, éventuellement en renforçant la cellule communication et en mettant à contribution le journal communal avec une édition spéciale de celui-ci. Proposer, comme à Verviers, des informations dans plusieurs langues (comme à Verviers) dont la langue des signes (comme à Namur) ;
  • De prendre des dispositions pour que chacune des personnes sinistrées aie le plus rapidement un contact direct avec une personne intervenant au nom de la Ville de Liège et se sente ainsi personnellement prise en compte par les autorités ;
  • De mettre en place des modalités opérationnelles d’écoute des personnes sinistrées, de consultation et de participation de leur part aux choix voire à la mise en œuvre de solutions temporaires ;
  • Ce gestionnaire préparerait les arrêtés du bourgmestre, motivés par l’urgence ;
  • Il rendrait régulièrement compte de son travail devant la commission du bourgmestre qui se réunirait pour l’occasion à un rythme plus soutenu que son calendrier mensuel de croisière.

Au cours des prochains mois, le Conseil Communal pourrait débattre de l’opportunité de maintenir ou non cette fonction et, le cas échéant, de remodeler des termes du mandat.

Changer de braquet sur le logement

La Ville ne peut tout faire mais il nous semble clair qu’elle n’est pas encore au rendez-vous sur le défi du logement qui est pourtant LE défi des prochaines semaines pour des milliers de familles. Nous avons des témoignages directs de familles qui deux semaines après le drame restent dans leur maison insalubre pour la garder des vols ou n’ont pas d’autres lieux où aller, voire même dorment dans des voitures, avec des enfants. C’est inacceptable.

Nos propositions :

  • Durant les congés, l’offre des kots aurait dû être réquisitionnée massivement pour répondre à la demande en tout cas des sinistrés isolés. Faisons-le au moins pour les quelques semaines qui nous séparent de la rentrée scolaire lorsque les baux le permettent.
  • Des propriétaires privés peu scrupuleux pratiquent déjà une hausse des prix de leurs locations. Il faut procéder à un monitoring et viser des mesures permettant un blocage des loyers.
  • Liège compte plus de 2200 logements inoccupés (selon les chiffres de l’Echevine Defraigne). Il faut utiliser plus et mieux l’Agence Immobilière Sociale pour remettre ces logements sur le marché locatif à prix modéré.  L’AIS dispose aujourd’hui d’une dotation communale (100.000 euros par an) et d’un personnel bien trop faibles pour agir correctement, nous l’avons dit dès 2018.  Nous proposons que la Ville réalloue de façon importante, et pour plusieurs mois, du personnel communal vers l’AIS (notamment des ouvriers chargés de remettre en état certains logements car tous les logements vides ne sont pas louables en l’état), alloue un subside extraordinaire d’un million d’euros, et réclame un financement exceptionnel auprès du ministre Collignon en charge du logement.
  • L’offre de logement existante (publique et privée) ne sera pas suffisante face à l’ampleur de la catastrophe.   Nous proposons donc d’une part d’étudier la possibilité de réquisitionner certains bâtiments importants (nous pensons notamment à la caserne Saint Laurent, à l’ancien hôpital de l’Espérance et aux halls de stockage du marché de Droixhe) pour du logement collectif temporaire “en dur”. Nous pensons d’autre part qu’il va falloir mettre en place de l’habitat léger temporaire. Un accord cadre en ce sens vient d’ailleurs d’être lancé par la Région Wallonne via la Société Wallonne du Logement. Accueillir cet habitat nécessite que la Ville mette à disposition des terrains équipés (électricité, eau,…) ou en réquisitionne, et qu’elle accepte que les personnes s’y domicilient temporairement (à l’opposé de ce qui est malheureusement fait par la commune d’Esneux aujourd’hui).  Nous pensons notamment que le terrain de la SWL loué, mais actuellement non utilisé, par la société qui gère le Festival des Ardentes (annulé cette année) sur Rocourt est idéalement situé et devrait être utilisé.

Commencer à agir pour le long terme 

D’autres mesures sont évidemment essentielles mais elles sortent des compétences communales ou s’inscrivent dans le plus long terme. Il faut par exemple faire pression afin d’allouer des moyens exceptionnels à nos deux sociétés de logement social afin qu’elles puissent enfin bâtir des logements nouveaux alors que des milliers de familles étaient déjà en attente d’une solution avant cette crise. Il faut déclarer enfin concrètement l’urgence climatique et traduire cela en politiques communales concrètes avec une mutation de la mobilité et de l’urbanisation du territoire.  Il faut notamment enfin avancer sur la proposition d’un bouwmeester (à l’échelle de l’agglomération ou de la Ville à défaut) pour penser autrement et mieux notre urbanisation.  Il faut adapter le Schéma de Développement Communal. Il faut avancer bien avant 2050 sur le « stop béton » et notamment remettre sur le métier la proposition que nous avions formulée de ne plus artificialiser des espaces verts que si l’on désartificialise des surfaces au moins équivalentes. Les projets d’urbanisation des espaces verts comme, notamment, la Chartreuse ou le Ry-Ponet doivent être abandonnés. 

Pierre Eyben, Martine Grooten et Quentin le Bussy pour Vert Ardent 

Contact : Pierre Eyben (+32 (0)477 20 29 53) – conseiller.eyben@liege.be

Communiqué de presse du 02 août 2021

 

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