Monsieur le Bourgmestre,
Madame l’Échevine,
Nous le savons déjà : certains comportements négatifs ont explosé pendant le confinement, et les femmes ou minorités de genres en sont souvent les premières victimes. Parmi ces comportements négatifs figure bien évidemment le harcèlement de rue.
Ce harcèlement de rue peut prendre différentes formes : il va du clin d’oeil insistant jusqu’aux insultes et même la violence et/ou les agressions, en passant parfois par des invitations totalement non-désirées. Comme l’ont montré les médias ces dernières semaines, le harcèlement de rue n’a pas faibli dans nos rues et Liège ne fait malheureusement pas exception.
Selon certains témoignages, le harcèlement de rue était encore plus fort en confinement. Si l’on se penche sur les chiffres déjà extrêmement élevés, on ne peut que se demander comment une telle augmentation peut encore être possible. Voici un petit florilège de ces chiffres, variables mais souvent du même ordre :
- 91% des femmes ont déjà été harcelées et 70% des jeunes considèrent les bars comme des zones à risque selon Plan international ;
- 3 femmes sur 4 ont déjà vécu une situation de harcèlement avant leur 17 ans et plus de la moitié avant leur 15 ans selon une autre étude ;
- 46% des femmes ne se sentent pas du tout en sécurité pour marcher seule dans la rue une fois la nuit tombée ;
- un tiers des cas de harcèlement finissent en agressions et harcèlement physique ;
- dans 78% des cas, personne n’a aidé la victime ;
- et 82% n’ont pas pu porter plainte selon l’étude JUMP renseignée par la FWB.
Ces chiffres ne peuvent que nous révolter.
Face à ces comportements, certains outils existent déjà, comme la loi anti-sexisme, mais ils ne semblent pas toujours très opérants. Tous les niveaux de pouvoir ont un rôle à jouer, que ce soit dans la prévention ou la reconsidération de l’espace public. Pour combler les lacunes dans le traitement du harcèlement de rue et aider les personnes qui en sont victimes, certaines initiatives émergent par ailleurs, comme « Safer Cities » de Plan international, et il semble important de les soutenir en tant que ville.
Puisqu’on n’est jamais mieux décrit par soi-même, voici comment Plan international décrit cet outil :
« Ensemble, nous avons développé un site web qui présente une carte collective et interactive. Les jeunes, surtout les filles, peuvent y identifier et partager les espaces publics qui les rendent mal à l’aise, effrayé-e-s ou heureux-ses et en sécurité. L’outil permet aux filles et aux jeunes femmes de dénoncer les situations de violences de genre dans la ville et d’identifier géographiquement les espaces dans lesquels des changements sont nécessaires. »
Un tel outil, déjà soutenu par de nombreuses villes en Belgique et à l’étranger, pourrait donc permettre de dresser un inventaire des espaces publics à reconsidérer par la Ville de Liège. Ces informations pourraient s’avérer une véritable mine d’or pour repenser la ville et en faire une ville plus accueillante pour les femmes et autres minorités de genres.
Face à ces éléments, nos questions sont donc les suivantes :
- La Ville de Liège pourrait-elle emboîter le pas de villes telles que Bruxelles, Charleroi et Anvers et prendre contact avec l’association afin d’implanter cette initiative à Liège aussi et d’en tirer les conclusions qui s’imposeront ?
- Par ailleurs, au sujet de la loi sexisme précitée, est-ce que la police a déjà reçu des plaintes basées sur cette loi et pour quelles suites ?
Merci d’avance pour vos réponses.
Laura Goffart et Caroline Saal pour Vert Ardent
Question écrite du 18 juin 2020