Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les Echevins,
Le centre-ville est l’objet d’attention en raison des travaux. Pourtant, il est dans une phase de mutation plus silencieuse mais structurelle : les effets à long terme du télétravail. Au sortir du dernier confinement (en juin 2021), 84% des Belges souhaitaient continuer à travailler de chez eux au moins deux jours par semaine une fois la crise sanitaire passée. Du côté des entreprises, un sondage réalisé en août 2021 par SDWorx révélait que 69% des PME où le télétravail est possible souhaitaient autoriser au moins un jour de télétravail. Pour les professions concernées, la tendance générale va en faveur d’une formule hybride et flexible. Il s’agit d’un moment de bascule en termes d’organisation du travail, avec des implications majeures tant en terme de conditions de travail et d’une gestion harmonieuse à inventer, de gestion des risque psychosociaux, de localisation des emplois, qu’en terme de mobilité et d’aménagement du territoire.
Concentrons-nous sur les effets attendus dans les centres-villes. Le télétravail structurel modifie leur fréquentation et leurs activités, en faveur d’un exode urbain vers les villes moyennes, surnommées les « Zoom cities » aux USA. La réduction de travailleurs des centres urbains pourrait induire une diminution de la demande en bureau et en biens et services directement liés à la présence des travailleurs : sandwicheries, restaurants, nettoyage, maintenance, etc. À Bruxelles, la diminution des surfaces de bureaux serait de l’ordre de 22% (Perspective Brussels, étude 2021). Cette tendance lourde s’ajoute à l’explosion du commerce en ligne, diminuant le shopping physique, et à la crise économique liée à la pandémie, qui a malheureusement entraîné de nombreuses faillites. Ce risque de dévitalisation est un argument supplémentaire pour lutter contre l’étalement urbain, combat que nous partageons tous dans ce Conseil. A contrario, cela influence également la demande en type de logement (pièce de travail).
Si le Schéma de développement communal permettra d’esquisser la ville que nous voulons, en parallèle, la politique d’aménagement du territoire et celle du commerce peuvent déjà poser des jalons. Cette conjonction des défis au centre ville et dans les quartiers de bureau et de commerce, nous renforce dans l’importance de développer la ville de proximité, la ville du quart d’heure. Il s’agit d’adapter Liège aux habitants et usagers de 2030-2050 et non à l’image qu’on s’en faisait en 2020…
Nos questions sont les suivantes :
- La Ville dispose-t-elle d’indicateurs pour suivre cette évolution ? Si oui, que montrent-ils actuellement et pour le futur proche ?
- Comment intégrez-vous, anticipez-vous la dynamique de télétravail dans le projet de ville ?
Quentin le Bussy et Caroline Saal pour le groupe Vert Ardent
Interpellation pour le Conseil communal du 25 avril 2022