Vu les engagements européens et internationaux pris par la Belgique pour le respect des droits fondamentaux des personnes et en particulier des plus vulnérables : Déclaration universelle des droits humains, Convention européenne de sauvegarde des droits humains, Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ;
Vu la loi du 30 juillet 1981 tendant à réprimer certains actes inspirés par le racisme ou la xénophobie ;
Vu la loi du 23 mars 1995 tendant à réprimer la négation, la minimisation, la justification ou l’approbation du génocide commis par le régime national-socialiste allemand pendant la seconde guerre mondiale ; Vu les dispositions du Code pénal punissant les délits de haine ;
Vu la loi du 10 mai 2007 tendant à lutter contre certaines formes de discrimination
Vu l’adhésion au réseau Territoire de Mémoire, le cordon sanitaire éducatif pour résister aux idées qui menacent nos libertés fondamentales et son engagement à sensibiliser aux dangers du racisme, de la xénophobie et de la résurgence du fascisme, à faire prendre conscience des mécanismes pouvant aboutir aux exclusions ; à favoriser un consensus démocratique et la construction d’une société juste, progressiste et fraternelle ;
Vu l’adoption, le 29 mai 1995, de la charte “Liège contre le racisme”, et l’adhésion en 2006 à la Coalition européenne des villes contre le racisme.
Vu l’adhésion à la motion « Liège, Ville hospitalière » adopté le 27 novembre 2017 visant à affirmer une politique migratoire responsable, accueillante et ouverte ;
Vu la Charte de la Démocratie renouvelée par les partis se présentant aux élections dans l’espace francophone renouvelée le 8 mai 2022 ;
Considérant que la montée de l’extrême droite dans le monde, en Europe ainsi qu’en Belgique est un fait que nous ne pouvons nier. Cette percée grandissante de partis prônant la haine et le rejet de l’autre ainsi que la division ne peut que nous alarmer sur leur capacité de mobilisation sur le sol wallon.
Considérant qu’historiquement l’agissement des mouvements d’extrême droite et leur politique a entraîné des conséquences catastrophiques sur la vie de millions de personnes. Il est urgent et indispensable d’empêcher toute tentative de restructuration et de développement de l’extrême droite, notamment en vue des élections de 2024.
Considérant que la Ville de Liège a toujours été considérée comme une terre d’accueil, de tolérance et aussi d’immigration. Rappelons notamment les dizaines de milliers de personnes venues travailler dans nos contrées depuis 70 ans (suite aux accords bilatéraux). De nos jours, ces personnes ainsi que leur descendance –et toutes les personnes rejoignant notre pays encore de nos jours– font partie intégrante de notre société. Elles y contribuent économiquement, culturellement et socialement. Elles soignent nos aînés, accueillent nos enfants, … ;
Considérant que Liège est et doit rester une Ville où le vivre ensemble est une réalité. Une ville où le racisme, la xénophobie et le fascisme n’ont pas leur place. Une ville où chacune et chacun amène sa pierre à l’édifice, quelle que soit son origine, sa culture, son genre, son orientation sexuelle…
Considérant les affichages sauvages des matériels de propagande opérés par des organisations xénophobes ces dernières années dans différents quartiers de Liège ,et les réunions et manifestations de partis d’extrême-droite sur notre territoire ces dernières années.
Considérant que ces événements pourraient se reproduire et qu’il est nécessaire d’intervenir rapidement avant que des discours appelant à la haine se diffusent dans l’espace public et génèrent un trouble de l’ordre public.
Considérant que la défense de la démocratie est l’affaire de tou.te.s et qu’il est nécessaire que les autorités politiques donnent un signal fort et sans ambiguïté à la population.
Considérant l’importance de maintenir le cordon sanitaire et de ne pas ouvrir la porte à des discours incitant au repli sur soi et à la haine de l’autre.
Le Conseil communal de Liège adopte la motion « Liège, ville antifasciste » en s’engageant à :
- Empêcher par tous les moyens légaux la diffusion de propos incitant à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, au sexisme, ouvertement fasciste et xénophobe, à Liège
- Inviter les services compétents à prendre en considération tous les signaux d’incitation à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, au sexisme, ouvertement fasciste et xénophobe et engager, tout en respectant le cadre juridique national, régional et communal, toute procédure administrative et judiciaire possible pour empêcher la diffusion de ces propos .
- Inviter les services compétents à prendre un arrêté motivé autorisant ou interdisant tout événement susceptible d’inciter à la haine, au racisme, à l’antisémitisme, au sexisme, ouvertement fasciste et xénophobe, sur le territoire liégeois.
- Soutenir et promouvoir les initiatives prises par les membres de la société civile dans le cadre du travail de Mémoire évoquant plus spécifiquement la résistance face au régime nazi, au fascisme et à l’extrême droite.
- Continuer à sensibiliser et impliquer la jeunesse liégeoise, via des projets dans les écoles où la commune est le pouvoir organisateur, aux dangers liés à l’extrême droite et à l’histoire des migrations afin de promouvoir le vivre ensemble.
- Assurer une formation de qualité pour les policiers et autres fonctionnaires, pour exercer leurs fonctions de manière juste et égalitaire, vis-à-vis de tou.te.s les citoyen.ne.s, sans discrimination de race, de genre, de classe, …
- Soutenir toute initiative vers la Région Wallonne, afin de rétablir le 8 mai en tant que jour férié, à l’instar de la Région bruxelloise.
- Soutenir, promouvoir et communiquer les actions visant à faire de Liège une ville antifasciste.
Pour le groupe Vert Ardent,
Virginie Godet, Pierre Eyben, Guy Krettels, Caroline Saal, Laura Goffart, Véronique Dembour, Véronique Willemart et Elena Chane-Alune.
Motion soumise au Conseil communal du 24 avril 2023