Le Conseil communal de Liège,

CONSIDÉRANT que l’ONU a déclaré l’état d’urgence climatique ce 23 septembre 2019 ;

CONSIDÉRANT les différents engagements pris par la Belgique visant à préserver la diversité biologique et à lutter contre le changement climatique et notamment, les différentes conventions internationales signées par la Belgique et plus particulièrement les engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris, signé le 12 décembre 2015 lors de la 21ème Conférence des Parties (COP) à la Convention Cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ; càd à prendre les mesures nécessaires pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C ;

CONSIDÉRANT les avertissements récurrents des milieux scientifiques et académiques sur les risques irréversibles qu’encourt notre planète à défaut d’actions rapides, dont notamment les récents rapports du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (GIEC) et le récent rapport de la Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques (IPBES) ;

CONSIDÉRANT les importantes mobilisations citoyennes des « marches pour le Climat » internationales et nationales des derniers mois (« Claim for the climate », « Youth for Climate », and « Rise for the climate ») revendiquant que la protection du climat et de la biodiversité soient reconnus comme un enjeu politique prioritaire et que des mesures concrètes, rapides et ambitieuses soient prises, dont certaines ont été organisées à Liège ;

CONSIDÉRANT que les mesures visant à protéger le climat, l’environnement et la biodiversité sont porteuses de nombreux autres co-bénéfices notamment en matière de santé et de création d’emplois ;

CONSIDÉRANT l’analyse de la Banque mondiale qui estime que dans les 30 prochaines années, le nombre de réfugiés climatiques va atteindre plus de 140 millions ;

CONSIDÉRANT que les populations les plus impactées par les dérèglements climatiques, en Belgique et ailleurs sur la planète, sont les personnes les plus précarisées ;

CONSIDÉRANT l’impact important du changement climatique sur le territoire de la Ville de Liège comme, entre autres, la multiplication des vagues de chaleurs (particulièrement prégnantes en milieu urbain) et leur impact direct sur les productions agricoles et maraîchères (notamment pour la ceinture alimentaire que nous entendons réimplanter) ;

CONSIDÉRANT que le risque de précarité demeure un enjeu important à l’égard duquel la Ville agira afin de réduire, autant que possible, le risque d’exclusion sociale de ménages liégeois ;

CONSIDÉRANT le rôle essentiel que les entités locales ont à jouer dans la lutte contre le dérèglement climatique étant donné l’impact concret et immédiat de leurs politiques sur les territoires qu’elles gèrent ;

CONSIDÉRANT que les Villes de Bâle, Londres, Vancouver, Lille, Nantes, Montpellier, Toulon, Nice, Paris et, en Belgique, Koekelberg, Etterbeek et Bruxelles ont déjà déclaré l’urgence climatique ;

CONSIDERANT la signature par notre bourgmestre au nom de la Ville de la Convention des maires pour le Climat et l’Energie en novembre 2015, signature qui impliquait d’élaborer un Plan d’action en faveur de l’énergie durable et du climat (PAEDC) dans un délai de deux ans, ainsi que de faire voter par le Conseil communal un plan d’action concret décrivant les étapes à suivre afin d’atteindre les objectifs fixés ;

CONSIDÉRANT le rôle essentiel que les entités locales ont à jouer dans la lutte contre le dérèglement climatique étant donné l’impact concret et immédiat de leurs politiques sur les territoires qu’elles gèrent,

CONSIDÉRANT la Déclaration de Politique Régionale présentée par le nouveau gouvernement (MR, PS et Ecolo) annonçant dans son premier chapitre que « [La Région wallonne] vise la neutralité carbone au plus tard en 2050, avec une étape intermédiaire de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de 55 % par rapport à 1990 d’ici 2030,

Considérant la Déclaration de Politique Communale de Liège qui exprime la volonté d’être une ville répondant aux enjeux climatiques

DEMANDE au Conseil communal de Liège :

1.     de déclarer la Ville de Liège en état d’urgence climatique et écologique, et de reconnaître, tant l’accentuation des effets du changement climatique, l’effondrement des écosystèmes naturels, ainsi que leurs graves conséquences humanitaires, sociales et sanitaires ;

2.     d’adopter une approche transversale au travers de l’ensemble des compétences communales en vue créer plus de synergies pour une transition écologique efficace et de mettre la priorité sur les politiques propres à sa mise en œuvre au niveau de la Ville de Liège.

3.     d’œuvrer résolument sur deux fronts : l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses impacts, à travers le monitoring régulier de critères claires comme la qualité de l’air, des sols et la biodiversité, la préservation des espaces publics, du patrimoine et des paysages, l’accessibilité à l’eau potable, le développement de services ad hoc à la population lui permettant d’initier des pratiques plus vertueuses, le développement d’un modèle économique local, circulaire, capable d’intégrer les contraintes environnementales.

4.     de poursuivre le Plan climat et de mettre en pratique l’adhésion au PAEDC, et dans ce cadre :

I. de se fixer comme objectif, tout comme la Région wallonne d’atteindre la neutralité carbone en 2050 ;

II. de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 55% sur la Ville de Liège d’ici 2030 (par rapport à 1990);

III. de réduire la consommation énergétique des bâtiments communaux (en se munissant d’un plan global d’isolation) et de les fournir, le plus rapidement possible, par 100% d’énergies renouvelables ;

IV. d’encourager les objectifs européens suivants sur le territoire de la Ville de Liège : – Un objectif contraignant pour l’Union européenne de 32% de sources d’énergies renouvelables – Un objectif d’au moins 32.5% pour améliorer l’efficacité énergétique et une obligation de réaliser jusqu’en 2030 des économies d’énergie annuelles de 0.8% ;

V. de renforcer le soutien de la transition vers une mobilité plus active, multimodale et partagée ;

VI. de pérenniser l’approche « zéro carbone » en matière d’investissements financiers (notamment en faisant le choix de recourir au maximum à des établissements bancaires et d’assurances éthiques) et d’inclure des critères d’impact climatique dans les appels d’offre de la Ville ;

VII. de renforcer la place de la nature en ville et les îlots de fraicheurs (en considérant les arbres et les espaces verts comme des infrastructures essentielles dans tous les projets d’aménagement) et d’aménager des points d’eau potable dans la commune, afin de rendre l’eau plus accessible à la population, de préserver la biodiversité, de lutter contre la pollution et les températures lors des épisodes de canicule ;

VIII. d’impliquer et de soutenir les habitants et les acteurs du monde économique, associatif, culturel, etc. comme partenaires de son élaboration et de sa mise en œuvre ;

IX. de sensibiliser le plus largement possible le public liégeois sur les moyens d’action individuels et les initiatives publiques de soutien existantes (primes énergies, etc.) pour faire face aux enjeux climatiques et écologiques ;

X. d’encourager les initiatives pédagogiques concernant la lutte contre le réchauffement climatique et l’effondrement des écosystèmes naturels dans les établissements scolaires et les associations locales ;

XI. de généraliser la démarche « zéro déchet » et l’interdiction des plastiques à usage unique lors d’événements publics sur le territoire de la Ville ;

XII. d’intégrer systématiquement des clauses environnementales et sociales dans les marchés publics et la sélection des prestataires (y compris dans les intercommunales assurant des prestations pour des institutions communales) ;

XIII. de procéder au remplacement du parc de véhicules communaux par des véhicules moins polluants quand ceux-ci sont en fin de vie ;

XIV. d’introduire des matériaux de réemploi dans les bâtiments de la commune lors de nouvelles constructions et de rénovations ;

5.     de se doter d’un Budget carbone et d’une commission spéciale Climat ;

6.     de favoriser l’accès à une alimentation durable pour l’ensemble des Liegoiseois.es en assurant la promotion et le soutien (logistique et de visibilité) des circuits courts de commercialisation et de transformation ;

7.     De désigner un agent communal chargé de la réalisation et du suivi du Plan Climat et du PAEDC.

DEMANDE À l’État fédéral et aux entités fédérées :

a) De prendre les mesures nécessaires afin de remplir les objectifs généraux de la politique climatique de la Belgique :

· Réduire les  émissions de gaz à effet de serre de la Belgique d’au moins 55% en 2030 (par rapport à 1990) et d’atteindre un objectif de décarbonation en 2050;

b) De collaborer pleinement afin de réaliser conjointement les engagements collectifs pour le climat ;

c) De développer les initiatives de soutien à la multimodalité, en ce compris le réseau et l’offre des transports publics afin de lutter contre l’engorgement automobile et de favoriser un shift modal efficace ;

d) D’assurer la rénovation durable du bâti public et privé et de soutenir, dans ce cadre, les ménages qui éprouvent des difficultés financières à mener à bien de tels investissements ;

e) D’établir une politique de désinvestissement fossile (soit l’investissement dans des placements auprès d’entreprises impliquées dans l’extraction de combustibles fossiles notamment dans le cadre des fonds de pensions des fonctionnaires et des personnes engagées dans les organismes d’intérêt publics) ;

f) De rejoindre la « Paris Proof Coalition » des 8 pays européens les plus ambitieux qui plaident pour une hausse immédiate des objectifs européens de réduction des gaz à effet de serre à l’horizon 2030 ;

g) De réorienter les investissements et subventions publiques en faveur du financement de projets de recherche, de développement et d’innovation dans les secteurs de l’efficacité énergétique et des énergies renouvelables ;

h) De soutenir les initiatives afin de renforcer l’accès à l’eau pour tous et de lutter contre la précarité hydrique, notamment par la mise en œuvre d’un statut de client protégé par les distributeurs d’eau et via une tarification plus progressive ;

DEMANDE Aux institutions de l’Union européenne :

a) De veiller au strict respect par tous les États membres des objectifs contraignants que s’est fixée l’Union européenne dans le cadre de son approche intégrée de lutte contre le réchauffement climatique, de politique énergétique et la protection de la biodiversité :

· Une réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 80% en 2050 (par rapport à 2005) ;

· Tendre vers une diminution de 55% la production de gaz à effet de serre d’ici 2030 (par rapport à 1990) ;

· Respecter l’objectif contraignant pour l’Union européenne de 32% de sources d’énergies renouvelables ;

· Respecter l’objectif d’au moins 32.5% pour améliorer l’efficacité énergétique et une obligation de réaliser jusqu’en 2030 des économies d’énergie annuelles de 0.8% ;

b) De renforcer la pertinence climatique du budget de l’Union européenne, en intégrant les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans les différents programmes d’action de l’Union européenne afin d’accélérer la transition vers une économie européenne à bas carbone ;

c) De respecter les ambitions du Plan d’action pour le milieu naturel, la population et l’économie de 2017.

Pour Vert Ardent, Caroline Saal et Pierre Eyben

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