Motion déposée au conseil communal du 5 septembre 2022, version votée au conseil communal du 22 mai 2023

Considérant ce qui suit :

  • Que nombre des espaces verts (parcs urbains, squares, jardins d’une certaine dimension, espaces végétalisés et aquatiques, terres agricoles) publics et privés situés sur le territoire de la Ville abritent des espèces végétales et animales protégées par la loi sur la conservation de la nature du 12 juillet 1973 ;
  • Que le Plan Communal de Développement de la Nature de la Ville de Liège (PCDN) reconnait que, considérant le caractère urbain de la commune, la place laissée aux zones naturelles (26,2%) est importante. Qu’il convient néanmoins de rester extrêmement vigilant quant à la préservation de la biodiversité, laquelle a subi des reculs par le passé.  
  • Que ce même PCDN considère que malgré une affectation importante des zones à l’habitat, les zones potentiellement favorables à la biodiversité représentent une part non négligeable du territoire communal, avec 21.2%.
  • Que la Ville s’est engagée à augmenter le nombre d’arbres sur son territoire au travers de son plan canopée ;
  • Que la Ville s’est engagée dans le plan Maya ayant pour objectif de sauvegarder les populations d’abeilles et d’insectes butineurs dont une des principales causes de déclin n’est autre que la diminution des ressources alimentaires disponibles ;
  • Que l’affectation de parcelles en ZACC (laquelle peut être ancienne) ne constitue aucunement une obligation d’urbaniser ces zones sur lesquelles existent ou parfois se sont développés les dernières années des espaces verts, en particulier quand ces ZACC ne sont pas reprises comme priorités dans le Schéma de Développement de l’Arrondissement de Liège (SDALg) ;
  • Que certaines ZACC sont aujourd’hui encerclées par des zones définies au plan de secteur de la Ville de Liège comme Espace Vert et Zone de Parc, et que leur urbanisation mettrait en péril certains couloirs écologiques, ainsi que le concept de maillage vert (trame verte) désormais repris dans le Plan Stratégique Transversal (PST);
  • Que l’urbanisation de certaines ZACC va à l’encontre des objectifs du plan PEP’S de la Ville de Liège (Programme de redéploiement des espaces publics de qualité).

Considérant plus spécifiquement le site de la Chartreuse:

  • Qu’avec ses plus de 30 hectares, il constitue un des principaux espaces verts en cœur de ville ;
  • Que le site dans son ensemble a été classé en 1991 ;
  • Que la Ville de Liège a déjà acquis une partie importante de ces 38 hectares afin de leur donner un caractère public (le parc des Oblats) ; que d’importants investissements y ont déjà été réalisés :
  • Que le Collège communal a plusieurs fois affirmé qu’il était favorable à une sanctuarisation du site  refusant l’urbanisation du site telle que permise par le schéma d’orientation local (S.O.L) dont la révision devra également être abordée. L’objectif du Collège, traduit dans son projet de Ville, visant à développer la nature en ville et à renforcer le cadre de vie. 
  • Qu’il abrite une grande biodiversité faisant de lui un site de grand intérêt biologique (SGIB) servant même de refuge à certaines espèces protégées, comme les papillons moirés franconiens, l’hespérie de la mauve, les tritons alpestres/palmés, l’alyte accoucheur, le crapaud calamite, le Taxus Bacchata et bien d’autres espèces ;
  • Que des discussions ont débuté début juillet 2022 avec les associations de terrain pour dégager des pistes de solutions possibles et que, sur initiative de la Ville, un accord est intervenu le 25 septembre 2022 entre les collectifs et le promoteur titulaire d’un permis de bâtir ;
  • Qu’en ce qui concerne l’ancien fort, propriété privée, le collège communal a pris différentes initiatives afin de forcer le propriétaire défaillant à sécuriser sa propriété dont une taxation pour « immeuble inoccupé » ainsi que des mesures de sécurité sur base du règlement voté lors du Conseil du 28 mai 2018. Que parallèlement, le Collège a inscrit le site de la Chartreuse dans le cadre de subsides liés à la Politique intégrée de la ville pour la réhabilitation de sites à réaménager (S.A.R.) situés dans les centralités des villes. L’objectif étant d’acquérir le site afin de le sécuriser, de l’intégrer dans une prolongation du parc public des Oblats, de démolir les parties du bâti les moins intéressantes d’un point de vue historique et de mettre en place des mesures de conservation des bâtiments, notamment ceux de l’époque hollandaise.   
  • Que la Ville de Liège a introduit une demande de reconnaissance de l’ensemble du site en SAR (site à réaménager) auprès de la Région wallonne en décembre 2022. Que cette demande est actuellement en cours d’instruction auprès des services régionaux, tout en sachant que le classement d’un site en SAR ne le protège pas, sans plus de détails, d’une urbanisation. 

Considérant par ailleurs :

  • Que dans l’état actuel de la Ville, les espaces verts de grande taille, comme la Chartreuse, ne sont pas compensables par la végétalisation des façades ni par la plantation de plus d’arbres en ville ;
  • Que préserver les mini-forêts urbaines existantes (avec pleine terre et arbres matures), autant au centre de la cuvette que sur les plateaux de la Ville, est dès lors important et a de multiples retombées positives (perméabilité du sol et absorption des précipitations, régulation de la température en cas de chaleurs, fixation du dioxyde de carbone et amélioration de la qualité de l’air, etc.) ;
  • Que de nouvelles plantations (plan canopée) ou la végétalisation des façades n’ont pas les mêmes capacités que des espaces verts évolués ;
  • Que dans le cadre de la consultation Liège 2025, la préservation des espaces verts est apparue au sommet des priorités des habitants de la Ville, le projet ayant recueilli le plus fort soutien populaire étant celui initié par les opposants à l’urbanisation du site de la Chartreuse ;
  • Que dans le cadre de plusieurs demandes de permis visant l’urbanisation de certains terrains vierges, la Ville de Liège a déjà posé des actes visant à les préserver : c’est le cas pour les sites de Haïsse-Piedroux, Bois d’Avroy, Bois l’Evêque, Molinvaux, Tawes, et Cabayes.
  • Que l’urbanisation et/ou la réaffectation de terrains déjà artificialisés (Bavière, ilots Firquet 1 et 2, quartier des Guillemins, Mont Légia, Espérance et Bonne Fortune, Rives Ardentes, Droixhe, Bressoux, etc.) et d’immeubles désaffectés (projet Lift au Loft, Val Benoit, ancien hôpital Saint-Joseph, Grand’Poste, projets en cours quartier Cathédrale, Montefiore/Resa, etc.) à proximité des transports en commun et des services constitue une priorité.

Considérant enfin que le Schéma de Développement Communal en cours de réalisation doit précisément permettre d’avoir une vision d’ensemble et de réaliser des arbitrages sur les zones à urbaniser et celles à protéger ; que ce SDC sera adopté par le Conseil communal en décembre 2023 au plus tard ;

Le Conseil communal de la Ville de Liège :

  • Réaffirme que la préservation de la biodiversité et de la biomasse sur son territoire est une priorité ;
  • Confirme la nécessité de continuer à préserver autant que faire se peut les espaces verts actuellement présents sur son territoire (Chartreuse, Ry-Ponet, Bois d’Avroy, Bois l’Evêque, Fayenbois, Nalvaux, Cabayes, etc.), y compris certains qui seraient aujourd’hui affectés en ZACC ;
  • Confirme qu’une urbanisation de ces grands espaces verts serait en contradiction avec des enjeux majeurs du Plan Communal de Développement de la Nature de la Ville de Liège (PCDN) et du Programme de redéploiement des espaces publics de qualité (PEP’S) 
  • Estime que plusieurs de ces espaces verts actuellement en ZACC mériteraient révision de leur affectation pour être placées en zone d’espaces verts (article 37), en zone naturelle (article 38), ou en zone de parc (article 39) au plan de secteur de la Ville de Liège ;
  • Estime que certains de ces grands poumons verts mériteraient que leur affectation en réserves naturelles soit proposée et débattue ;
  • Confirme sa volonté de promouvoir une logique d’urbanisation visant prioritairement à densifier les zones d’habitation existantes, à préserver les paysages et le maillage vert, et à ne pas urbaniser les derniers espaces verts urbains ;
  • Souhaite qu’aucun projet ne soit développé sur le site de la Chartreuse, tant que n’est pas disponible le Schéma de Développement Communal prévu fin 2023 permettant d’établir avec précision les espaces verts à préserver et les espaces à urbaniser pour répondre aux objectifs du PUM
Facebooktwitter