La ville de Liège est confrontée à un enjeu de taille : accueillir plus d’habitants tout en préservant la qualité de vie et l’environnement. C’est un défi qui nécessite une vue d’ensemble afin de décider les choix d’urbanisation les plus adéquats.

Considérant ce qui suit :

Que nombre des espaces verts (parcs urbains, squares, jardins d’une certaine dimension, espaces végétalisés et aquatiques, terres agricoles) publics et privés situés sur le territoire de la Ville abritent des espèces végétales protégées par la loi sur la conservation de la nature du 12 juillet 1973 ;

Que le Plan Communal de Développement de la Nature de la Ville de Liège (PCDN) reconnaît que la biodiversité est actuellement en recul sur le territoire communal ;

Que la Ville s’est engagée à augmenter le nombre d’arbres sur son territoire ;

Que la ville s’est dotée récemment d’un Plan Canopée ;

Que la Ville s’est engagée dans le plan Maya ayant pour objectif de sauvegarder les populations d’abeilles et d’insectes butineurs dont une des principales causes de déclin n’est autre que la diminution des ressources alimentaires disponibles ;

Que l’affectation de parcelles en ZACC (laquelle peut être ancienne) ne constitue aucunement une obligation d’urbaniser ces zones sur lesquelles existent ou parfois se sont développés les dernières années des espaces verts, en particulier quand ces ZACC ne sont pas reprises comme priorités dans le Schéma de Développement de l’Arrondissement de Liège (SDALg) ;

Que certaines ZACC sont aujourd’hui encerclées par des zones définies au plan de secteur de la Ville de Liège comme Espace Vert et Zone de Parc, et que leur urbanisation mettrait en péril certains couloirs écologiques, ainsi que le concept de maillage vert (trame verte) désormais repris dans le Plan Stratégique Transversal (PST) ;

Que l’urbanisation de certaines ZACC va à l’encontre des objectifs du plan PEP’S de la Ville de Liège (Programme de redéploiement des espaces publics de qualité).

Considérant par ailleurs :

Que dans l’état actuel de la Ville, les espaces verts de plus de 1 hectare ne sont pas compensables par la végétalisation des façades ni par la plantation de plus d’arbres en ville ;

Que préserver les espaces verts “fermés” de type parcs ou mini-forêts urbaines existantes (avec pleine terre et arbres matures), autant au centre de la cuvette que sur les plateaux de la Ville, est dès lors important et a de multiples retombées positives (perméabilité du sol et absorption des précipitations, régulation de la température en cas de chaleurs, fixation du dioxyde de carbone et amélioration de la qualité de l’air, etc.) ;

Que préserver des espaces verts « ouverts » (prairies, landes, etc.) menacés par la promotion immobilière mais également par absence de gestion, et le déclin de l’agriculture en ville, est également essentiel car ils sont de grande importance biologique et paysagère.

Que de nouvelles plantations ou la végétalisation des façades n’ont pas les mêmes capacités que des espaces verts évolués ;

Que dans le cadre de la consultation Liège 2025, la préservation des espaces verts est apparue au sommet des priorités des habitants de la Ville, les deux projets ayant recueilli le plus fort soutien populaire étant ceux initiés par les opposants à l’urbanisation des sites du Ry-Ponet et de la Chartreuse (lesquels ont également formulé plusieurs propositions pour les valoriser).

Considérant que la Ville doit trouver le moyen d’accueillir à terme 15.000 nouveaux logements selon le Schéma de Développement territorial de l’Arrondissement de Liège pour éviter un phénomène d’étalement urbain et un renchérissement de l’immobilier sur son territoire.

Considérant enfin que le Schéma de Développement Communal (SDC) dont il s’avère indispensable d’accélérer la réalisation qui doit permettre d’avoir une vision d’ensemble et de réaliser des arbitrages sur les zones à urbaniser et celles à protéger n’est pas disponible, ce qui ne permet pas de faire les évaluations préalables et nécessaires avant toute décision d’urbanisation d’une de ces zones.

Le Conseil communal de la Ville de Liège :

Réaffirme que la préservation de la biodiversité et de la biomasse sur son territoire est une priorité ;

Reconnait la nécessité de préserver au maximum les espaces verts actuellement présents sur son territoire, y compris certains qui seraient aujourd’hui affectés en ZACC ;

Reconnait que l’urbanisation de ses grands espaces verts est en contradiction avec des enjeux majeurs du Plan Communal de Développement de la Nature de la Ville de Liège (PCDN) et du Programme de redéploiement des espaces publics de qualité (PEP’S) ;

Estime que plusieurs de ces espaces verts actuellement en ZACC mériteraient révision de leur affectation pour être placées en zone d’espaces verts (article 37), en zone naturelle (article 38), ou en zone de parc (article 39) au plan de secteur de la Ville de Liège ;

Estime que plusieurs de ses grands poumons verts (Chartreuse, Ry-Ponet, Bois d’Avroy, Fayenbois, etc.) mériteraient que leur affectation en réserves naturelles soit proposée et débattue ;

S’engage à promouvoir une logique d’urbanisation visant prioritairement à densifier les zones d’habitation existantes, à préserver les paysages et le maillage vert, et à ne pas urbaniser les derniers espaces verts urbains ;

S’engage dès lors à appliquer un moratoire sur l’urbanisation de tout espace vert de plus de 1 hectare sur son territoire, tant que ne sont pas disponibles :

  • un Schéma de Développement Communal ;
  • un relevé exhaustif des réserves foncières existantes ;
  • un relevé précis des immeubles (habitations et sites industriels) inoccupés, soit totalement, soit en leurs étages ;
  • un inventaire des bâtiments sur lesquels des rehausses d’immeubles afin de construire « la ville sur la ville » sont envisageables ;
  • une cartographie complète des espaces verts (y compris en ZACC) avec leur accessibilité en matière de transports en commun et de mobilité douce.

Ou, si un projet vital au développement communal devait exister et ne pouvoir attendre que les données susmentionnées soient disponibles pour en évaluer la pertinence, à garantir une désartificialisation équivalente (évaluée en capacité à capter du C02) sur le territoire communal pour éviter que ne recule encore davantage la biomasse.

Pierre EYBEN et Quentin LE BUSSY pour Vert Ardent

Motion déposée au Conseil Communal du 25/11/2019, redéposée avec amendements le 1er Septembre 2020

 

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