Vu l’épidémie Covid-19, son caractère inédit et historique,

Vu les défaillances de l’État belge dans l’approvisionnement en masques,

Vu les solidarités exceptionnelles et les efforts collectifs qui ont spontanément émergé de réseaux citoyens,

Considérant que, dès le début de la crise, des bénévoles ont spontanément proposé de confectionner des masques pour leur entourage ou par solidarité avec des travailleurs et travailleuses de première ligne,

Considérant que ces solidarités sont positives à l’ensemble de la société mais que l’institutionnalisation du recours aux bénévoles par les pouvoirs publics peut renforcer la précarité de la population et les inégalités de genre, la majorité des bénévoles étant des femmes,

Considérant que les capacités de production de l’industrie textile sont élevées en Belgique,

Considérant que divers pouvoirs publics, dont Liège Métropole, a recouru aux couturières solidaires pour pouvoir fournir des masques de confort à l’ensemble de la population liégeoise,

Considérant que la couture n’est pas une compétence domestique innée ni un simple hobby, mais une compétence technique et un savoir-faire, et qu’elle doit être reconnue comme telle,

Considérant que les métiers de costumier.ère, de couturier.ère sont généralement précarisés, reposant souvent sur des contrats partiels et des contrats à la prestation,

Considérant que cet appel au bénévolat a reproduit le travail invisible des femmes, c’est-à-dire le travail assimilé au travail domestique et non reconnu comme professionnel et à rémunérer,

Considérant que la charge de travail a nécessité pour certaines des journées de travail de huit heures, plusieurs jours de la semaine, avec des risques de surmenage,

Considérant que le recours structurel et la charge de travail doivent s’accompagner de droits économiques et sociaux auxquels l’ensemble des travailleurs et travailleuses belges sont en droit de prétendre,

Considérant que la mise en place d’une filière de masques durables, qui s’appuie sur des circuits courts et des emplois non délocalisables, s’inscrit pleinement dans notre vision de redéploiement économique post-Covid,

La Ville de Liège s’engage à :

  • Passer principalement des commandes auprès de couturières professionnelles pour soutenir un secteur particulièrement touché par la crise sanitaire ;
  • Recourir marginalement à des couturières non professionnelles en offrant des contreparties qui soutiennent des secteurs touchés par la crise (chèques commerces, chèques cultures, …) ;
  • Réquisitionner des ateliers de structures qui sont actuellement fermées telles que les théâtres pour permettre aux couturières de produire les masques dans de bonnes conditions (assurances) et sans en assumer les charges (électricité, …) ;
  • Soutenir des initiatives mettant en place des filières de confection de masques durables qui rémunèrent correctement les couturières, dans le cadre du redéploiement économique (coopératives, économie sociale, …) et à défendre ces engagements auprès de Liège Métropole.

Laura Goffart et Caroline Saal

Motion du 20 mai 2020

 

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